Allez au contenuAllez à la navigation

Pourquoi les municipalités devraient-elles consolider leurs liens avec les communautés autochtones ?

Hôtel de Ville de Montréal

Josie_Desmarais/Shutterstock.com

Rédigé par
Éric Duguay

Éric Duguay

Josie_Desmarais/Shutterstock.com

« Plus que jamais, les villes ont un rôle crucial à jouer dans la Réconciliation avec les Peuples autochtones, et il ne peut y avoir de Réconciliation sans respect des droits. »

C’est par ces mots que l’ex-maire de Montréal, Denis Coderre, annonçait, en 2017, l’adoption à l’unanimité, par le conseil municipal de la Ville de Montréal, de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

La Ville de Montréal emboîtait ainsi le pas à la Ville de Val-d’Or, en Abitibi, qui avait été la première municipalité du Québec à poser ce geste hautement symbolique quelques semaines plus tôt.

Si cette main tendue par le maire de Val-d’Or, Pierre Corbeil, aux communautés voisines, Anishnabe et Cris, peut paraître anodine au premier coup d’œil, il est important de rappeler que ce geste s’inscrivait dans une démarche visant à éviter une catastrophe pour l’économie de la ville.

Une crise de confiance prévalait alors entre les Premières Nations de la région et les policiers de la Sûreté du Québec. La situation avait pris une telle ampleur que les leaders autochtones menacèrent de boycotter la ville si des mesures concrètes n’étaient pas prises par les autorités en place.

Cette menace aura permis de faire prendre conscience aux commerçants de la ville de l’importance qu’ont les Autochtones sur la vitalité économique de Val-d’Or. À titre d’exemple, le tournoi annuel de ballon-balai cri, auquel prennent part près de 3 000 Autochtones, génère des retombées économiques s’élevant à plus de 5 millions de dollars, au cours d’un simple week-end d’automne. À cela s’ajoutent les autres événements culturels ou sportifs qui s’y tiennent en permanence et les milliers d’Autochtones qui y font leur marché et leurs courses sur une base régulière. On peut donc dire sans se tromper que les Autochtones ont, à Val-d’Or, un poids économique non négligeable. Il en va de même dans plusieurs villes au Québec et au Canada.

Lors d’un événement auquel j’assistais à Val-d’Or en 2017, la cheffe Adrienne Jérôme de la communauté Anishnabe de Lac Simon, l’une des plus pauvres au Canada, a posé un petit geste démontrant toute l’importance de la démarche entreprise par la Ville. La cheffe, en guise de reconnaissance pour le rôle joué par le maire Corbeil lors de son appui à la Déclaration des Nations Unies, a recouvert ses épaules d’une couverture fabriquée par une kokom (grand-mère) de la Nation. La couverture, qui représente pour les Premières Nations la force, le réconfort et la paix intérieure, est un cadeau inestimable. Considérant qu’à une certaine époque, les autorités avaient cherché à exterminer les Autochtones en leur distribuant des couvertures contaminées de variole, le geste de la cheffe Jérôme était un puissant symbole de réconciliation.

La cheffe de la communauté Anishnabe de Lac Simon, Adrienne Jérôme, a recouvert les épaules du maire de Val-d'Or, Pierre Corbeil, d’une couverture en guise de reconnaissance pour son appui à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Un dialogue essentiel au développement

De tels efforts de réconciliation ouvrent la porte à l’établissement d’un nouveau partenariat entre les villes et les communautés autochtones et permettent un dialogue constructif lorsqu’il est question de développement économique régional et de mise en chantier de projets d’envergure.

Afin de faciliter cette collaboration entre les municipalités et les conseils des Premières Nations – et il en va de même pour les entreprises –, plusieurs stratégies peuvent être mises en place. Il est certain qu’en appliquant l’article 43 des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, qui encourage les municipalités et les gouvernements à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la table est mise pour des relations harmonieuses. Il faudra par la suite s’assurer d’inviter les cheffes et les chefs des Premières Nations ou des représentants officiels des communautés à participer à certains groupes de décision ou de réflexion de la municipalité.

Les municipalités ne doivent pas oublier que, depuis les premiers contacts avec les colons européens, les Autochtones jouent un rôle prédominant dans l’épanouissement de notre société et contribuent de façon significative à l’essor économique de nos villes. Encore aujourd’hui, ils possèdent ou revendiquent des droits ancestraux sur la quasi-totalité du territoire du Québec et de ses ressources naturelles, faisant d’eux des partenaires incontournables.

Les gestes qui encouragent les maillages et la collaboration sont à la base d’une compréhension mutuelle, laquelle constitue l’élément clé de l’acceptabilité sociale. Il est toujours plus facile de s’entendre avec un interlocuteur quand des liens de confiance et de respect nous unissent que dans le cas contraire.

Pour établir ou consolider les bases de bonnes relations entre les municipalités, les entreprises et les Conseils autochtones, il est pertinent de faire appel à des consultants experts qui connaissent l’environnement politique et les caractéristiques culturelles propres aux communautés autochtones.

——— Éric Duguay était conseiller principal au Cabinet de relations publiques NATIONAL