Comment la politique américaine peut-elle influencer les prochaines élections au Canada?
C'est peu dire que les États-Unis sont idéologiquement divisés en deux. Le fossé entre les deux solitudes ne fait que s'approfondir à l'approche des élections de novembre.
Si le Canada a des visions, des priorités et des approches politiques divergentes, notre discours pré-électoral atteint rarement la rhétorique et le vitriol que l'on trouve aux États-Unis. Toutefois, il ne fait aucun doute qu'il s'en rapproche parfois terriblement.
À l'approche des élections de novembre, une incertitude croissante s'est emparée de nos voisins américains. Les électeurs sont très préoccupés par Biden et Trump. Il est difficile d'imaginer qui l'électeur dubitatif choisira alors qu'aucune des deux campagnes ne semble prête à tendre la main à quiconque n'adhère pas à ce que les opposants polarisés vendent. Dans un paysage de plus en plus divisé, les perspectives nuancées des électeurs modérés sont éclipsées par les voix dominantes qui défendent des positions plus extrêmes. La recherche d'un terrain d'entente cède alors la place à l'intensification des efforts visant à rallier des soutiens à son propre point de vue. La politique de la soustraction est, pour l'instant, la politique du jour.
En revanche, le décès récent du Premier ministre Brian Mulroney rappelle le pouvoir de la politique de l'addition. En 1984, M. Mulroney, à la tête des progressistes-conservateurs, a remporté les élections haut la main, en obtenant 211 sièges. Il s'agit de la plus grande victoire électorale de l'histoire du Canada, grâce à une coalition gagnante composée de nationalistes québécois, d'électeurs des villes, des campagnes, des provinces de l'Atlantique et de l'Ouest. Il l'a fait avec un seul message : « Des emplois, des emplois, des emplois »
C'est à ce type de message inclusif, qui peut s'adresser au plus grand nombre de Canadiens, que le Premier ministre Trudeau, M. Poilievre et M. Singh doivent réfléchir longuement et sérieusement. Penser plus grand et plus large plutôt que de doubler sur le type de division qui est si répandu au sud de la frontière.
Les prochaines élections s'annoncent comme la quintessence des élections « de portefeuille », où les préoccupations économiques des citoyens sont au premier plan de la bataille politique. Dans ces élections, l'électeur moyen n'est pas un simple spectateur passif, mais un participant actif dont les luttes quotidiennes contre la hausse des prix de l'alimentation, de l'essence et du logement sont appelées à orienter ses choix électoraux. Ces électeurs, qui ont directement ressenti les effets de l'inflation et la pression exercée sur leurs finances, rechercheront un dirigeant qui non seulement comprendra leur situation difficile, mais présentera également un plan crédible pour atténuer leur détresse financière.
Le leader qui pourra promettre de manière convaincante de mettre fin à la crise économique et d'offrir une lueur d'espoir, à l'instar de l'ancien Premier ministre Mulroney, sera celui qui gagnera la confiance de l'électorat. Mais cela nécessitera une stratégie politique inclusive et élargie - une politique de l'addition. Il s'agit de dérouler le tapis "Bienvenue" aux électeurs de tous horizons, en leur assurant que leur voix sera entendue et leurs problèmes pris en compte.
Pour y parvenir, les dirigeants politiques doivent se débarrasser du panneau proverbial "Ne pas entrer" qui signale l'exclusivité et la division.
*Kevin Macintosh a travaillé dans les gouvernements de Brian Mulroney entre 1985 et 1993. Rachel Moncada a une formation en sciences politiques et a déjà travaillé dans la fonction publique fédérale.