N'oubliez pas les partis d'opposition
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Le calme qui s'est installé à Ottawa au cours des dernières semaines fera bientôt place à une frénésie avec la reprise des travaux parlementaires la semaine prochaine. Alors que les députés préparent leur retour au sein de notre capitale nationale, ils seront attendus de pied ferme par une multitude de parties prenantes qui se disputeront leur attention dans le but de faire avancer leurs intérêts respectifs.
À bien des égards, visiter la Colline du Parlement constitue toujours le meilleur moyen pour les représentants d'industries clés ou d’organismes à but non lucratif d'offrir leur expertise et leurs opinions sur les divers enjeux inhérents à notre société. Néanmoins, les parties prenantes obtiennent un succès fluctuant lorsqu'il s'agit d'influencer les principaux décideurs. Plusieurs variables peuvent faire la différence entre une démarche réussie ou un échec. Et ces ingrédients deviennent encore plus importants dans un contexte de gouvernement minoritaire.
Interagir avec les membres du gouvernement – qu’il s’agisse de ministres, de membres du personnel ministériel, du cabinet du premier ministre ou de députés du gouvernement – sera toujours primordial. Ce sont eux qui détiennent les commandes. Ils dictent l'ordre du jour, dressent la liste des priorités, et prennent l’ensemble des décisions ayant un impact à travers le pays. Toutes les requêtes budgétaires, propositions réglementaires et autres modifications législatives doivent être portées à leur attention.
Dans le même esprit, les fonctionnaires sont également des intervenants à mobiliser. Dépourvus de toute affiliation politique et liés par un engagement de neutralité, ces technocrates sont des experts dans leur domaine et peuvent naviguer à travers les subtilités du cadre réglementaire canadien. Leur voix est importante, car ils ont l'oreille du gouvernement.
Cependant, le résultat des dernières élections amène une différence majeure dans la façon de mener ses relations gouvernementales en raison du rôle accru de l’opposition.
- Si elle a toujours bénéficié de la révérence et du respect découlant de son statut de pilier de notre démocratie, la capacité de l'opposition à influer véritablement sur les travaux parlementaires augmente lorsqu'elle détient une pluralité de sièges, ce qui est maintenant le cas. Le Parti conservateur, le Bloc québécois, le NPD et le Parti vert peuvent désormais perturber le programme du gouvernement, le forçant à négocier chaque projet de loi à la pièce.
- En outre, les partis d’opposition contrôlent désormais les comités parlementaires. Ils peuvent donc bloquer tout projet de loi ne favorisant pas leur intérêt, ou insérer des amendements qui pourraient mener à des victoires politiques.
Ainsi, les parties prenantes ne doivent pas se contenter de visites de courtoisie aux députés d'opposition. Tisser des liens et entretenir des relations avec eux devient un élément crucial d'une campagne de mobilisation réussie. Les ministres fantômes ont plus de portée et les membres des comités ont plus de latitude. Ils peuvent donc être facilement mobilisés, à condition que le message s’accorde avec leurs convictions.
Enfin, il est essentiel de rappeler la présence d'une délégation accrue de députés du Bloc québécois comme composante de la « nouvelle normalité » à Ottawa. Cela implique la mise en avant plus vigoureuse des particularités du Québec, dont le statut du français.
Cela peut sembler évident pour de nombreux observateurs, mais doit néanmoins être répété : les stratégies de relations gouvernementales, les messages et les efforts sensibilisation doivent être élaborés et exécutés dans les deux langues officielles pour maximiser leurs chances de succès. Il ne faut pas s'attendre à ce qu'un parti politique qui compte la défense et la promotion de la langue française parmi ses valeurs fondamentales accepte de collaborer uniquement en anglais.
Le statut de gouvernement minoritaire peut créer moult opportunités pour les parties prenantes employant une bonne stratégie, soit exploiter avec succès les dynamiques actuelles et les transformer en une campagne de mobilisation multidimensionnelle.
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——— Tiéoulé Traoré était directeur, Relations gouvernementales au Cabinet de relations publiques NATIONAL