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Mise à jour économique du Québec de 2024 : la rigueur budgétaire est de retour

Mise à jour économique du Québec de 2024 : la rigueur budgétaire est de retour

LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

Le ministre des Finances, Eric Girard, a présenté ce matin sa mise à jour économique et un mot peut résumer cet exercice : rigueur. Le travail du ministre Girard n’est pas simple en ce moment. Avec le plus important déficit de l’histoire à 11 milliards de dollars, nous ne sommes plus en période où les nouvelles dépenses sont à l’agenda. Repousser des projets et des mesures fiscales n’est jamais populaire auprès de la population. Les travailleurs âgés de 60 à 65 ans ne seront pas particulièrement heureux de ce qui est partagé aujourd’hui. En annonçant que les dépenses n’augmenteront que de 1,6% et 2,1% pour les deux prochaines années, le mot « austérité » sera dans les pensées de plusieurs.

Le gouvernement de François Legault est toujours en période trouble. Le récent sondage présenté par la firme Léger place la Coalition avenir Québec (CAQ) à son plus bas niveau depuis 2016, à 14 points du Parti québécois (PQ) qui aura passé l’année 2024 en tête des intentions de vote. Est-ce que cette mise à jour fera bouger positivement l’aiguille des sondages? Je ne crois pas.

Les attentes des citoyens sont élevées en santé ainsi que sur le plan des services publics, mais rien de ce qui est annoncé aujourd’hui ne permet de croire que la situation s’améliora bientôt.

D’ailleurs, certaines personnes retiendront davantage l’annonce faite par le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qui dévoilait au même moment un congé de TPS pour la période des fêtes et un chèque de 250$ au printemps. Un cadeau qui risque de faire couler beaucoup plus d’encre que le contrôle des finances annoncé à Québec.

Faits saillants de la mise à jour

  • 1,2 G$ pour appuyer les sociétés de transport collectif et pour le Fonds de développement économique de Montréal et le Fonds de la région de la Capitale-Nationale.
  • 252 M$ pour soutenir le secteur forestier, dont la transformation du bois et les efforts de reboisement.
  • 218 M$ pour l’accès au logement et pour les suppléments de revenu de travail pour les prestataires d’assistance sociale.
  • 433 M$ pour s’attaquer aux impacts des inondations, pour de nouveaux sites cellulaires et pour la couverture policière au Nunavik.

Réactions des oppositions

  • Parti libéral du Québec (PLQ) : Selon le chef par intérim du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, le gouvernement de François Legault mène le Québec à un déclin. Le PLQ dit que les coupes en santé, en enseignement supérieur et en francisation permettent au gouvernement de prétendre que le déficit est toujours à 11 milliards. De son côté, le PLQ l’évalue à plus de 15 milliards.
  • Québec solidaire (QS) : Québec solidaire considère que les augmentations de dépenses annoncées pour les prochaines années vont réduire les services à la population et que des coupes sont inévitables. Le député Vincent Marissal affirme que le gouvernement se rapproche de l’austérité.
  • Parti québécois (PQ) : Le Parti québécois affirme que le gouvernement de la CAQ a augmenté la bureaucratie et a fait des dépenses frivoles depuis 2018, ce qui fait que le ministre Girard doit faire des coupes en ce moment. Le député Pascal Paradis parle des réductions en francisation qu’il déplore.

Vers un remaniement ministériel d’importance?

Le premier ministre Legault n’a pas souvent utilisé la carte du remaniement ministériel depuis qu’il est en poste, mais est-ce maintenant le temps? Quand un gouvernement s’enlise et que des actions simples semblent complexes à mettre en place, un rebrassage des cartes peut être une idée intéressante. Un remaniement n’est pas une solution miracle, mais il peut permettre de changer la trame narrative du gouvernement et de repartir l’année 2025 sur de nouvelles bases.

Pour un parti qui traîne dans les sondages, un remaniement peut toutefois créer son lot d’enjeux négatifs. Un ministre dégommé pourrait décider de démissionner de son poste de député et une élection partielle n’est pas ce que le premier ministre Legault souhaite en ce moment.

De beaux défis pour l’équipe du premier ministre dans les prochaines semaines, mais une chose est certaine, la mise à jour économique d’aujourd’hui ne permettra pas au gouvernement de la CAQ de remonter dans les sondages. Si M. Legault souhaite réellement se représenter en 2026, des gestes concrets devront être déployés dans un avenir rapproché.

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Rédigé par Marc-André Leclerc | Mathieu Filion

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