Les autochtones ne sont pas un bloc monolithique : comment développer une relation basée sur la reconnaissance des différences mutuelles
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Une manchette en a fait sourciller plus d’un la semaine dernière. Alors qu’un grand nombre de Premières nations au Canada ont signé un traité d'alliance contre les projets d'expansion des sables bitumineux tels que le projet Trans Mountain de Kinder Morgan, on apprenait que 43 chefs des Premières nations de l’ouest du pays se disaient prêts à investir dans le projet. Bien que surprenante aux premiers abords, cette nouvelle nous apprend une chose : les autochtones ne sont pas un bloc monolithique.
Trop souvent, lorsque l’on parle des enjeux qui ont une incidence sur le développement politique ou social des Premières nations, l’idée dominante véhiculée par les médias, les politiciens ou la population en général est que « les » autochtones veulent ceci, ou « les » autochtones pensent cela. On parle des autochtones comme s’il ne faisait qu’un, comme s’ils étaient tous identiques. Cette perception est erronée et mérite qu’on y accorde quelques réflexions.
Il ne faut pas perdre de vue que, de la même façon que le Québec est différent de l’Alberta, autant par sa langue que par sa culture ou ses positions politiques, chacune des 630 communautés des Premières nations et des 54 communautés inuites présentes au Canada est différente. Elles se distinguent par leur histoire et parce qu’elles possèdent leurs propres langues, pratiques culturelles et croyances.
Dans ce contexte, un exemple d’idée reçue a depuis longtemps été que les autochtones étaient de farouches environnementalistes, toujours opposés au développement économique et prêt à mettre des bâtons dans les roues à tout projet sur leur territoire ancestral. Pourtant, dans une grande majorité de cas, les Conseils de Premières nations et des communautés Inuits sont favorables au développement économique de leur région.
Comme tous les autres gouvernements des nations de la planète, les élus des Conseils cherchent à assurer la croissance économique et à fournir des emplois de qualité à leurs membres. Ils ne veulent cependant pas être mis de côté ou pire, tenus pour acquis. Les Premières nations et les Inuits veulent simplement faire valoir leurs droits constitutionnels et être perçus comme des partenaires des projets. En outre, ils veulent avoir leur mot à dire dans la façon de faire les choses. Ils sont en droit de s’attendre à être traités sur un même pied d’égalité et veulent développer et entretenir des relations de nation à nation.
Ainsi, chaque distinction culturelle sera autant de facteurs qui viendront influencer la position des leaders autochtones sur les enjeux qui impactent leur territoire traditionnel ou leur développement socioéconomique. Il en va de même pour les relations entre les nations autochtones et les entreprises ou les gouvernements. Dès lors que nous avons compris cette évidence, il va de soi que nous devons adapter notre approche lorsqu’il est question d’aborder une démarche de développement économique ou de consultation.
Les Conseils étant de véritables gouvernements, les relations avec les communautés autochtones relèvent donc inévitablement d’une démarche de relations gouvernementales. Il est donc pertinent pour les entreprises de faire appel à des consultants experts qui connaissent l’environnement politique des communautés autochtones, comme elles le font pour leurs relations avec les autres paliers de gouvernements.
——— Éric Duguay était conseiller principal au Cabinet de relations publiques NATIONAL