La course est lancée : l’état des lieux selon NATIONAL au moment du déclenchement des élections
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La tant attendue campagne électorale fédérale 2019 a finalement été déclenchée hier. Tous les partis convoitant le pouvoir font face à des enjeux clés alors qu’ils se lancent dans une campagne de 40 jours à travers le pays.
Parti libéral
Le chef libéral Justin Trudeau et ses troupes espèrent remporter un second mandat consécutif, quatre ans après leur triomphe de 2015. Leur premier mandat a été marqué par une croissance économique solide, le plus bas taux de chômage en 40 ans et des mesures décisives pour faire face aux changements climatiques. En principe, ces réalisations devraient être largement suffisantes pour assurer une réélection facile. Toutefois, des déficits budgétaires se chiffrant dans les milliards de dollars, des scandales d’éthique et l’achat d’un pipeline ont pâli l’aura de Trudeau. Il devra convaincre les Canadiens que son parti représente toujours la meilleure option pour notre pays, ce qu’il a fait lors de son allocution inaugurale en rappelant le bilan économique de son gouvernement, l’impact positif de l’Allocation canadienne pour enfants et la signature de deux accords économiques majeurs : l’Accord économique et commercial global (AECG) et l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).
Parti conservateur
La majorité libérale est menacée par la montée constante du Parti conservateur, mené par Andrew Scheer, qui profite des frustrations ressenties par plusieurs segments de l’électorat canadien sur des enjeux comme des dépenses publiques, le pétrole et le gaz, les affaires étrangères, la sécurité des frontières et l’éthique. Toutefois, le PCC devra mieux définir qui est le vrai Andrew Scheer. Sa popularité au niveau national est discutable, et ses croyances personnelles sur des enjeux sociaux comme l’avortement et le mariage entre personnes du même sexe (un point sur lequel les libéraux ont stratégiquement insisté au cours des dernières semaines) pourraient dissuader certains Canadiens qui ne souhaitent pas rouvrir ces débats. Sa première allocution a porté sur les chevaux de bataille habituels des conservateurs : la gestion des finances, les baisses d’impôts, la taille du gouvernement et le fédéralisme asymétrique, tout en ramenant les problèmes d’éthique du gouvernement Trudeau.
Nouveau Parti démocratique
Luttant pour la troisième place (et possiblement la balance du pouvoir dans un gouvernement minoritaire) se trouve le NPD. Son chef Jagmeet Singh a le mandat de reconnecter le parti avec les différentes franges de l’électorat social-démocrate. Dans sa première allocution aux médias, Singh a adressé les éléphants dans la pièce : les déboires de son parti au Québec (un taux de nomination de candidats sous la barre des 50% et les réactions négatives par rapport à son port du turban), son incapacité à se démarquer à travers le pays, et même les difficultés de financement. M. Singh s’est permis de prévoir une résurgence de son parti et s’est montré fébrile à l’idée de débattre avec les autres chefs d’enjeux comme l’assurance-médicaments, l’évasion fiscale, le copinage corporatif et le logement social.
Parti vert
Le NPD fait face à une compétition féroce de la part du Parti vert, qui profite du fait que l’environnement est un enjeu clé de la présente campagne, et dont l’importance au niveau national ne semble pas avoir fini de croître. Dans son allocution à ses partisans en Colombie-Britannique, la chef Elizabeth May a pris soin de rappeler que le Parti vert n’était pas le parti d’un seul enjeu, insistant sur le fait qu’un gouvernement vert apporterait des solutions tangibles pour répondre aux enjeux liés au logement, aux droits des autochtones, à la santé et à la réforme du mode de scrutin. L’allocution de May cherchait à placer son parti comme une véritable option, plutôt que comme le choix marginal qu’il a été par le passé.
Bloc québécois
Le Bloc québécois revigoré souhaite jouer les trouble-fêtes dans la belle province, profitant de la vague nationaliste qui s’est emparée du Québec depuis l’élection de la CAQ au gouvernement provincial. Lors du lancement de sa campagne à Québec, le chef Yves-François Blanchet a affirmé son intention de ramener le Bloc à son rôle de chien de garde assurant le respect des positions consensuelles du Québec à Ottawa. Une large part de sa plateforme sera dédiée à l’environnement, un enjeu que le parti séparatiste souhaite utiliser comme un élément de différenciation par rapport au reste du Canada, et comme un terreau fertile pour la renaissance du mouvement souverainiste. M. Blanchet souhaite faire compétition au Parti conservateur dans les circonscriptions à l’extérieur de Montréal, et mettra sans aucun doute à profit ses talents de communicateurs dans les différents débats.
Parti populaire du Canada
Le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier tentera de prouver qu’il existe un espace idéologique (et un soutien politique) pour un parti encore plus à droite que le Parti conservateur. Son discours inaugural a eu lieu en plein cœur de la « Ford Nation », flanqué de sa candidate vedette dans Etobicoke Renata Ford, la veuve de l’ancien maire de Toronto Rob Ford, lui-même reconnu comme un pionnier du mouvement « anti-élite » au Canada. Bernier a démontré sa confiance habituelle, clamant que son populisme intelligent gagnerait les Canadiens au fil de la campagne. Les politiques présentées incluaient entre autres des coupures dans les dépenses, une diminution des taux d’immigration, l’abolition du système de gestion de l’offre, et la fin du multiculturalisme d’état. Il sera un paratonnerre tout au long de la campagne.
Dans 39 jours, l’allure de notre pays pourrait se transformer drastiquement, et l’on pourrait assister à des changements de cap majeurs sur plusieurs enjeux. NATIONAL couvrira chaque journée de cette campagne enlevante jusqu’au 21 octobre.
——— Tiéoulé Traoré était directeur, Relations gouvernementales au Cabinet de relations publiques NATIONAL