L’importance de l’élection présidentielle américaine pour les organisations canadiennes
Tous les quatre ans, une élection présidentielle a lieu aux États-Unis le premier mardi qui suit le premier lundi de novembre. Le 3 novembre, l’électorat américain choisira entre le président Donald Trump, représentant des républicains, et son adversaire démocrate, l’ancien vice-président Joe Biden. Il n’est pas surprenant que chaque élection soit présentée comme la plus importante jamais organisée. Cela dit, il ne fait aucun doute que cette élection est particulièrement importante, car elle se déroule dans un contexte de pandémie sanitaire et de récession économique. Contrairement à la pandémie de 1918 qui s’est produite à la fin de la Première Guerre mondiale, les États-Unis sont aujourd’hui sans conteste la principale superpuissance mondiale.
Lisez notre analyse post-électorale : Biden-Harris : à quoi les organisations canadiennes doivent-elles s'attendre?
Cette élection se déroule également avec des tensions raciales inédites depuis les années 1960. Le mouvement Black Lives Matter a été une force majeure, surtout depuis le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd par un policier de Minneapolis en mai dernier.
L’enjeu n’est pas seulement la présidence mais aussi le contrôle du Sénat. La Chambre des représentants restera selon toute vraisemblance entre les mains des démocrates.
Rarement, les Américains ont été aussi polarisés et divisés à la veille d’une élection. Certains attribuent le climat actuel au style de gouvernement du président sortant Donald Trump. Il est juste de dire que si Trump contraste avec ses prédécesseurs en matière de style et de rhétorique, la division en Amérique n’est pas nouvelle. Le mélange de la pandémie de COVID-19 et de ses effets sur l’économie n’a fait qu’empirer les choses. Le chômage est élevé et les niveaux de pauvreté augmentent de façon spectaculaire.
La campagne elle-même a approfondi les différents conflits, qu’ils soient économiques ou sociaux. L’administration Trump a été très critiquée pour sa gestion de la pandémie et les sondages le reflètent. Les États-Unis représentent 4 % de la population mondiale, mais comptent 20 % des cas et des décès dus à la COVID-19. La stratégie de Biden vise justement à faire de cette élection un référendum sur l’administration Trump et sur la nécessité de l’expulser de la Maison-Blanche.
Trump, pour sa part, affirme qu’il est le seul candidat capable de ramener l’Amérique au niveau de « la plus forte économie de son histoire ». Il attaque sans pitié Biden sur son âge (alors que ce dernier n’a que quatre ans de plus) et sur ce qu’il appelle un « manque d’énergie ». Avec un taux de chômage de 8 %, des perspectives de chômage à long terme alarmantes dans certains secteurs clés de l’économie et une lente reprise attendue par la plupart des analystes, Trump espère que les gens se souviendront des chiffres de croissance et de chômage de 3,5 % de janvier dernier au moment de voter.
État actuel de la campagne
Pour l’instant, la stratégie de Joe Biden semble l’emporter. Les sondages nationaux lui donnent une avance moyenne de plus de 10 %, avec des points d’avance dans les États clés, dont le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie, les trois États qui ont donné à Trump sa victoire en 2016.
En ce qui concerne les courses au Sénat, certains sondages indiquent que jusqu’à cinq États pourraient passer du statut de républicain à celui de démocrate, remettant ainsi le contrôle du Sénat (et du Congrès dans son ensemble) aux démocrates. Si les sondages ont raison, cela donnerait à Biden et à son parti une victoire similaire à celle que Barack Obama a obtenue en 2008.
En fait, le premier débat entre Trump et Biden a peut-être rendu ce résultat possible. Un dernier débat aura lieu le 22 octobre et pourrait être décisif en faveur de Biden, ou encore signaler une poussée tardive pour Trump au cours des derniers jours de la campagne.
Rappelons que George W. Bush, en 2000, et Donald Trump, en 2016, ont tous deux perdu le vote populaire, mais ont remporté le Collège électoral pour devenir président. Il est probable que Biden remporte le vote populaire, mais ce sont les États clés qui décideront du vainqueur final. Surveillez ces États le soir des élections : Michigan, Wisconsin, Pennsylvanie, New Hampshire, Ohio, Iowa, Caroline du Nord, Floride, Arizona et Minnesota.
Impact sur les relations canado-américaines
Lorsqu’il s’agit de valeurs communes partagées concernant la démocratie et les libertés individuelles, notre prospérité économique et notre sécurité nationale, la relation entre le Canada et les États-Unis est étroite et unique au monde.
Nous sommes plus que des voisins ayant une frontière commune. Nous sommes des amis, des alliés et des partenaires. Nous sommes également des acteurs sur la scène internationale par l’intermédiaire des Nations unies, de l’OTAN, du G7, du G20, du FMI, de l’Organisation mondiale du commerce et d’autres organismes multilatéraux. En outre, l’AEUMC (l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique qui a remplacé l’ALENA) est entré en vigueur le 1er juillet 2020.
Les États-Unis restent de loin notre plus grand et plus important partenaire commercial. Le Canada représente le premier marché d’exportation pour 35 États. Les emplois dans les deux pays dépendent de nos relations économiques réciproques. Dans de nombreux cas, nous sommes la chaîne d’approvisionnement l’un pour l’autre. Nous ne pouvons donc pas rester indifférents au résultat des élections du 3 novembre.
Dans un monde post-COVID-19, nous pouvons nous attendre à des changements et peut-être à la montée des visées protectionnistes. Il est important de noter que Trump et Biden ont tous deux des politiques « Buy America » et que leurs partis respectifs ont des partisans du protectionnisme. Nous devons donc être prêts.
Nous avons vu l’approche « Trump » – un bilatéralisme agressif, marqué par des actions unilatérales et généralement conflictuelles. Les tarifs douaniers font souvent partie de ses tactiques pour obtenir des concessions.
M. Biden est un dirigeant plus traditionnel et croit en l’approche multilatérale. Il est nettement plus prévisible et moins conflictuel.
Cela dit, nous devrons faire preuve de vigilance et d’une « diplomatie commerciale » permanente sur le sol américain, ce qui impliquera de rencontrer régulièrement les élus à tous les niveaux du gouvernement et des associations professionnelles, quel que soit le choix des Américains pour les élections de 2020.
Pour en savoir plus sur l'impact potentiel des élections américaines sur l'économie et les organisations canadiennes, contactez notre équipe spécialisée en affaires publiques et relations gouvernementales à Montréal au relationsgouvernementales.mtl@national.ca.
——— Isabel Girard était coordonnatrice au Cabinet de relations publiques NATIONAL