L'impact de la réglementation et de la réduction des salles de rédaction sur le journalisme local
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L'essor des médias sociaux au début et au milieu des années 2000 a transformé les salles de presse canadiennes. La plupart d'entre elles ont dû faire face à d'importantes réductions de taille et de ressources, car les budgets publicitaires se sont détournés des médias traditionnels au profit de tactiques en ligne, telles que les publicités natives, et des plateformes de médias sociaux. Pratiquement tous les groupes et organes de presse ont dû prendre des décisions difficiles, ce qui s'est traduit par des vagues de licenciements et des rachats et acquisitions sans précédent. Les journalistes chevronnés et les nouveaux talents ont ressenti les effets d'un secteur en détresse financière, alors que les salles de rédaction en perte de vitesse luttent pour maintenir l'étendue et la profondeur de leur couverture. Ce paysage allégé n'a pas seulement affecté la quantité de journalisme, mais aussi sa qualité, car les journalistes restants se retrouvent souvent à bout de souffle, couvrant de multiples sujets et reportages.
Pour les professionnels de la communication, il est donc de plus en plus difficile de recommander des campagnes de médias obtenus (earned media) comme le moyen le plus efficace de partager les histoires de nos clients, d'informer les publics clés et de travailler à la sensibilisation et à la confiance du public. Alors que nous discutons des facteurs qui contribuent à l'état actuel des médias canadiens, nous devons également considérer notre rôle en tant qu'experts en relations avec les médias pour soutenir nos médias locaux et produire des résultats percutants pour nos clients.
Des coupes budgétaires et une évolution législative
Malheureusement, l'année 2023 a vu la fermeture de nombreux journaux communautaires à travers le Canada. Ces organes reflètent souvent l'identité et le caractère uniques des communautés qu'ils desservent. Comme ils continuent à diminuer en raison du manque de ressources et de financement, nous perdons des voix importantes dans tout le pays. Au-delà de l'impact sur les communautés, ces fermetures affectent aussi grandement notre travail en tant que conseillers en relations avec les médias. Alors que de plus en plus de médias ferment leurs portes et que d'autres salles de presse continuent de se réduire, les possibilités d'obtenir une couverture locale significative peuvent s'amenuiser.
Plus récemment, le gouvernement canadien est intervenu en adoptant des mesures législatives visant à soutenir l'industrie des médias face à ces défis. En particulier, en décembre 2023, le gouvernement canadien a adopté le projet de loi C-18 (Loi sur les nouvelles en ligne) pour obliger les géants de la technologie comme Google et Meta à négocier une compensation équitable avec les organes de presse pour le contenu canadien qui est partagé sur leurs plateformes ou auquel on accède par leur intermédiaire. Toutefois, il est possible que ce projet de loi conduise à une plus grande implication du gouvernement dans le secteur des médias d'information, ce qui pourrait avoir une incidence sur l'indépendance éditoriale et la liberté de la presse, et qu'un tel cadre puisse conduire à ce que le contenu soit évalué davantage pour son potentiel de revenus que pour son intérêt public.
À mesure que la situation évolue, il sera de plus en plus important de comprendre l'impact à long terme de ces changements législatifs sur les médias canadiens et la manière dont nous, en tant que conseillers, pouvons continuer à assurer la couverture de nos clients.
Trouver un équilibre entre les médias rémunérés et les médias obtenus
Le Canada a une approche particulière pour réglementer ses médias d'information, façonnée par la nécessité de protéger son identité culturelle, de promouvoir la diversité et de soutenir la viabilité de l'industrie. Bien que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ne réglemente pas les journaux et la plupart des médias d'information en ligne, des projets de loi comme le projet de loi C-10 (qui vise à mettre à jour la Loi sur la radiodiffusion) et la Loi sur les nouvelles en ligne indiquent la possibilité d'une plus grande implication réglementaire dans les médias numériques, ce qui pourrait inclure certains aspects du contenu de l'information en ligne. Bien que l'objectif de la législation soit de soutenir un secteur en difficulté, les nuances de sa mise en œuvre et les réponses des entités médiatiques et des entreprises technologiques influenceront considérablement l'avenir du journalisme canadien.
Alors que ces changements majeurs continuent d'avoir un impact sur le journalisme canadien, nous avons assisté à l'introduction et à la montée en puissance du contenu sponsorisé et des placements rémunérés. Cela aussi a suscité des débats. La manière dont les contenus sponsorisés sont souvent présentés suscite des inquiétudes, car les lecteurs risquent de ne pas savoir s'il s'agit d'une information objective. Toutefois, ce type de partenariat offre d'excellentes possibilités de narration et une source de revenus précieuse pour les médias, en particulier pour les organes de presse locaux qui ont été durement touchés par la baisse des recettes publicitaires et le manque de financement public. En conseillant à nos clients d'envisager un contenu sponsorisé pour atteindre des publics importants, nous pouvons non seulement assurer une couverture locale et un message clair, mais aussi positionner nos clients pour soutenir les médias locaux dans le financement de leurs opérations qui pourraient autrement ne pas être financièrement viables.
Nous devons donc continuer à suivre l'évolution du paysage médiatique canadien. Les résultats du projet de loi C-18 ne sont pas encore connus, les géants de la technologie continuant à chercher une solution à l'amiable avec le gouvernement fédéral. Les professionnels de la communication ont eux aussi un rôle essentiel à jouer. Nous pouvons soutenir nos collègues journalistes dans les salles de rédaction qui survivent en leur apportant un contenu opportun et de qualité avec lequel travailler de manière efficace et en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour leur faciliter la tâche. Nous pouvons également fournir à nos clients des conseils stratégiques pour exploiter les opportunités de contenu sponsorisé et mettre en œuvre des stratégies numériques solides pour s'assurer que les messages importants sont communiqués de manière efficace et que leurs histoires atteignent les publics concernés. Nous devons travailler ensemble pour veiller à ce que, à mesure que le paysage médiatique canadien continue d'évoluer et de se transformer, nous soyons en mesure d'identifier les moyens de soutenir nos salles de presse canadiennes et les intérêts de nos clients.
——— Jane Taber était conseillère au Cabinet de relations publiques NATIONAL