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La fenêtre du remaniement ministériel

La fenêtre du remaniement ministériel

Dès qu’une session parlementaire se termine, dès qu’une crise politique éclot, dès qu’une démission survient; la sempiternelle question revient : doit-on (ou pas) procéder à un remaniement ministériel?

Au moment où l’été s’achève et que la rentrée parlementaire approche, une fenêtre s’ouvre pour François Legault. Va-t-il saisir l’occasion?

Visiblement, le premier ministre n’est pas un adepte de cet exercice politique. Il en a très peu abusé depuis qu’il a pris le pouvoir en octobre 2018. On peut le comprendre, un remaniement crée davantage de mécontents qu’il ne fait d’heureux. De toute façon, jusqu’à tout récemment, François Legault bénéficiait d’un appui stratosphérique dans l’électorat. Brûler une telle cartouche n’était pas nécessaire, d'autant plus qu'il aurait envoyé un signal de vulnérabilité.

Au mieux, par le passé, M. Legault a apporté quelques ajustements à son équipe avec des objectifs bien précis : sacrifier une ministre de l’Environnement pour ses lacunes en communication, provoquer l’atterrissage de Christian Dubé à la Santé, alléger un ministre surchargé, renouveler l’équipe après une élection générale.

Un remaniement ministériel peut parfois faire bouger l’aiguille. L’été dernier, Justin Trudeau avait tenté de donner une nouvelle impulsion à son gouvernement en remaniant ses ministres. On connaît la suite : son parti a continué de perdre des plumes dans les sondages d’opinion. D’ailleurs à Ottawa, on assiste à une nouvelle tendance : un ministre qui n’a pas l’intention de se représenter à la prochaine élection est souvent détrôné de son siège. Non seulement cette stratégie discutable inflige une rétrogradation à des ministres comptant de longues années de service, mais en cas de réélection, la marge de manœuvre du premier ministre est réduite. Il se retrouve alors avec un conseil de ministres complet auquel il faut faire une place pour les candidats vedettes fraîchement élus.

Mais revenons au dilemme de François Legault.

Même avec son imposant caucus de députés, on ne voit pas dans la députation actuelle d’aspirants ministres qu’il faut absolument monter en grade. Les incontournables ont déjà un siège au Saint des Saints. Certes, on entend circuler les noms de Céline Haytayan, Gilles Bélanger et Youri Chassin, mais rappelons que leur candidature n’a pas été retenue lorsque le poste de whip en chef s’est soudainement libéré en avril dernier.

Donc remaniement ou pas? Bien sûr, des régions comme la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine ou l’Abitibi-Témiscamingue ne sont pas représentées à la table des décisions par un élu issu de ces mêmes régions. Ceci devrait favoriser un député d’expérience comme Daniel Bernard.

À partir du moment où il est acquis que les gros portefeuilles (Santé, Économie, Finances, Trésor) ne changeront pas de titulaires, à quoi bon rebrasser les cartes? On s’entend, on ne relance pas un gouvernement en changeant le ministre du Travail ou celui des Sports. Quant à l’Éducation, après une entrée en scène plutôt laborieuse, Bernard Drainville semble avoir pris ses aises dans ce ministère qui a longtemps souffert d’un manque de stabilité. Son remplacement paraît improbable.

Il reste les titulaires qui occupent le même fauteuil depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec (CAQ) en 2018 : André Lamontagne à l’Agriculture, Caroline Proulx au Tourisme, Andrée Laforest aux Affaires municipales, Éric Caire au Numérique et Lionel Carmant aux Services sociaux. Ajoutons à ce quintette Benoit Charrette, ministre de l’Environnement en poste depuis janvier 2019. Certes, ces ministres hériteraient d’un nouveau défi, mais le jeu en vaut-il la chandelle?

Les sondages pourront le confirmer, mais l’été aura été plutôt favorable au gouvernement Legault. Rien dans l’actualité pour altérer le niveau de satisfaction de la population surtout que la CAQ semblait déjà avoir réussi à cesser l’hémorragie en juin.

Tout compte fait, très peu d’éléments militent actuellement pour un remaniement ministériel. Et avec cette rumeur persistante que le ministre Fitzgibbon quitterait son poste avant la fin de son mandat, aussi bien attendre un peu.

Si l’on se fie aux dernières expériences à Québec comme à Ottawa : changer la composition de son équipe ministérielle est loin d’être une panacée. Il est souvent préférable de changer de cap… que de changer de ministres!

En ce sens, il serait probablement plus opportun pour François Legault, à mi-mandat, de prononcer un nouveau discours d’ouverture à la reprise des travaux parlementaires pour présenter de nouvelles priorités que de jouer à la chaise musicale.

De toute façon, si le premier ministre ferme la porte à un remaniement ministériel, il sait fort bien qu’une autre fenêtre s’ouvrira tôt ou tard.

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Rédigé par Marc-André Leclerc

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