Tiéoulé Traoré
Bien que le parti ait remporté 22 sièges additionnels lors des élections de 2019, le Parti conservateur a eu beaucoup de mal à assumer son rôle d'opposition officielle pleinement, n'ayant pas réussi à bien définir sa vision et à proposer une alternative politique. Le départ soudain et controversé de l'ex-leader Andrew Scheer, combiné à l'éclosion de la COVID-19, a refroidi l'élan du parti. Une course à la direction relativement calme et discrète a exacerbé les tensions entre les diverses factions du parti. Le nouveau chef Erin O'Toole a été chargé de maintenir l'harmonie tout en élaborant un plan pour détrôner les libéraux.
Jusqu'à présent, son parcours à la tête du parti a possiblement engendré plus de questions que de réponses. Ses efforts pour formuler une véritable réponse au changement climatique par le biais d'un système de taxe sur le carbone ont été critiqués par le caucus et largement rejetés par les membres du parti. De plus, ses critiques de la gestion de la pandémie par les libéraux se sont avérées injustifiées à plusieurs reprises.
Malgré ses difficultés actuelles (et des résultats de sondage défavorables), le CPC a encore l'espoir de :
Battre les libéraux en se positionnant comme étant l’option la plus crédible
Le Parti conservateur veut prouver qu'une approche plus traditionnelle et pragmatique de la gouvernance est ce dont les Canadiens ont besoin après les deux dernières années tumultueuses, et qu'un retour à la prudence budgétaire est le meilleur moyen de reconstruire l'économie canadienne.
Courtiser les électeurs dans la région clé du Grand Toronto
Les deux dernières élections ont prouvé que le soutien fidèle du Parti conservateur dans l'Ouest canadien, bien qu'essentiel, ne suffit pas pour gagner une élection. Le parti doit remporter un nombre considérable de sièges en Ontario – en se concentrant notamment sur les 57 circonscriptions de la région du Grand Toronto – pour être vraiment dans la course. Il devra particulièrement redoubler d’efforts dans l'indicatif régional 905 (qui couvre notamment les régions de Mississauga et de Niagara Falls) qui est toujours chaudement disputé.
Réussir à adoucir son image
Le Parti conservateur est souvent considéré comme étant le parti de l'austérité économique. Les positions du parti sur des questions telles que le cannabis, le mariage homosexuel et le droit à l'avortement, qui peuvent être perçues comme (largement) dépassées par plusieurs électeurs, en font toujours la cible des autres partis plus progressistes.
Les forces du Parti conservateur
- Les capacités financières : les associations locales du Parti conservateur disposent, en moyenne, d’un peu moins de 61 000 $ d'actifs nets, soit près de 25 000 $ de plus que les libéraux au pouvoir.
- L'expérience : leur règne de 9 ans au pouvoir a coïncidé avec la pire crise économique depuis plus de 50 ans. Ils savent comment gérer des périodes économiques difficiles.
Les défis du Parti conservateur
- Leur attitude au cours de la pandémie : leurs agissements ont parfois été perçus comme étant négatifs et provocateurs.
- L'aile sociale conservatrice du parti : elle mettra de l'avant des enjeux qui divisent les Canadiens et qui ne les intéressent pas.
- Concentrer leurs efforts : au cours des deux dernières années, les conservateurs ont passé beaucoup de temps à attaquer Trudeau au lieu de développer une proposition différente pour les Canadiens.
Les impondérables pour le Parti conservateur
- L'unité du caucus : les conservateurs sociaux et progressistes peuvent-ils encore coexister?
- Les performances du parti en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique : le Parti conservateur peut-il conserver ses sièges et réaliser des gains dans ces provinces?
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——— Tiéoulé Traoré était directeur, Relations gouvernementales au Cabinet de relations publiques NATIONAL
