Le Québec aux urnes : engagements et priorités
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La campagne électorale provinciale arrive bientôt à son terme et l’équipe de NATIONAL poursuit son analyse de cette première lutte à cinq partis. Si, selon toute vraisemblance, le parti qui formera le prochain gouvernement demeure sans surprise, la place à l’opposition officielle est encore à prendre. Un survol des grands engagements permet de constater une différence peu marquée entre les plateformes. Là où les partis se différencient, c’est surtout sur le chemin pour s’y rendre. Force est de constater qu’il n’y a pas qu’une seule question de l’urne. Le 3 octobre, les Québécois choisiront le prochain gouvernement selon leur priorité.
Environnement : une lutte entre les différentes énergies
Alors que la tempête Fiona a frappé de plein fouet les Îles-de-la-Madeleine, la lutte aux changements climatiques fait partie des préoccupations centrales de cette campagne, notamment chez les jeunes.
Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) sont les seuls partis dans la lutte à proposer des plans détaillés qui ont été validés par des experts indépendants. Au gouvernement depuis quatre ans, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault souhaite poursuivre son Plan pour une économie verte, misant sur l’hydroélectricité et l’électrification des transports pour diminuer les gaz à effet de serre (GES). Malgré tout, c’est le projet d’infrastructure routière du troisième lien qui a retenu l’attention au grand dam de la CAQ. Le Parti libéral du Québec (PLQ) mise plutôt sur l’hydrogène vert pour faire rimer lutte aux changements climatiques et développement économique. Ce nouveau type d’énergie nécessitera toutefois une quantité importante d’hydroélectricité, ce qui restera à déterminer si le PLQ forme le gouvernement. Le Parti conservateur du Québec (PCQ) est quant à lui le seul à ne donner aucune cible de diminution des GES et souhaite relancer l’exploitation des hydrocarbures.
Économie : priorité à l’inflation et pénurie de main-d’œuvre
S’il y a un enjeu qui a particulièrement touché la population québécoise au cours de la dernière année, c’est bien le coût de la vie.
Pour y faire face, la CAQ de François Legault a présenté son « Bouclier anti-inflation », promettant d’envoyer d'ici la fin de 2022 un autre chèque aux Québécois, alors que le PQ de Paul St-Pierre Plamondon propose une allocation « pouvoir d’achat » similaire. Le Parti libéral du Québec, la Coalition avenir Québec et le Parti conservateur s’engagent à baisser les impôts, contrairement à Québec solidaire et au Parti québécois qui excluent toute baisse. Les solidaires souhaitent plutôt un impôt sur les grandes fortunes et un impôt sur les grandes successions. La CAQ n’envisage toutefois pas de réduire la taxe de vente du Québec (TVQ), à l’inverse du PLQ, de QS et du PCQ, qui vont de la réduction à l’élimination de la taxe sur certains biens et services.
Sur toutes les lèvres depuis le début de la pandémie, la pénurie de main-d’œuvre n’échappe pas à cette élection. Parmi les solutions, solidaires et libéraux estiment qu’il faut augmenter les seuils d’immigration entre 70 000 et 80 000 immigrants par année. Le PCQ, la CAQ et le PQ refusent pour leur part une hausse des seuils, les conservateurs et caquistes prônent le maintien du seuil à 50 000 immigrants et les péquistes veulent une baisse à 35 000 personnes par année. Tous les partis ont sinon des propositions pour améliorer la productivité, garder ou ramener les travailleurs plus âgés et encourager l’intégration de divers groupes au marché du travail.
Au sujet des entreprises, malgré de minces engagements à cet égard, les cinq partis s’entendent pour réduire la paperasse et la surrèglementation. Parmi les mesures phares, les conservateurs s’engagent cependant à mettre graduellement fin aux subventions aux entreprises, tandis que les libéraux promettent une aide directe qui passe par la réduction du fardeau fiscal et administratif.
Santé : le grand thème de toutes les élections
Alors que le système de santé s’impose encore une fois comme un des principaux thèmes de la campagne électorale, les différents partis multiplient les engagements pour augmenter du personnel, désengorger les urgences et offrir un meilleur accès en première ligne.
Le slogan de la campagne de la CAQ l’annonce d’emblée, le parti de François Legault souhaite continuer les grands chantiers amorcés dans le dernier mandat. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la santé, alors que le ministre Christian Dubé souhaite plus d’agilité de la machine administrative avec notamment la création d’une nouvelle structure de gouvernance. La CAQ mise sur les guichets d’accès à la première ligne pour offrir des consultations aux patients orphelins et diminuer l’attente à l’urgence. Pour redresser le système de santé, le PLQ mise sur la transformation des groupes de médecine familiale et promet un médecin de famille pour chaque Québécois. Le PQ et QS ont des approches similaires sous plusieurs aspects, notamment en santé, alors que les deux partis proposent un virage vers les soins à domicile et une plus grande prise en charge du réseau des CLSC.
De son côté, le PCQ propose de diriger les patients vers un établissement privé pour leur chirurgie après un délai d’attente jugé « non raisonnable ». Le parti considère le patient comme une source de revenus et explore le concept d’hôpitaux magnétiques, qui récompenserait les hôpitaux limitant leur dépense. Il souhaite également donner le choix aux Québécois de souscrire à une assurance complémentaire privée. Sur la question de la privatisation en santé, les libéraux et les caquistes souhaitent aussi une plus grande contribution, alors que les solidaires et les péquistes promettent de réduire le nombre de cliniques privées.
D’autres engagements phares
Tout au long de la campagne, les partis ont énoncé de nombreux engagements. À défaut de tous les lister, voici une liste des principales promesses.
Coalition avenir Québec
- Construire de nouveaux barrages hydroélectriques et des parcs éoliens pour soutenir l’électrification des transports
- Investir 50 millions de dollars en agriculture durable pour accélérer l’adoption de pratiques agricoles écoresponsables
- Bonifier l’aide financière aux aînés de 70 ans et plus
- Plafonner certains tarifs tels que l’électricité, les frais de garderies, les droits de scolarité, l’immatriculation ainsi que les permis de conduire à 3 % ou moins
- Rénover 600 écoles avec un investissement supplémentaire de 2 milliards de dollars
- Investir pour accroître l’autonomie alimentaire du Québec
- Mettre en place un centre sur les batteries électriques pour stimuler la filière et l’innovation
Parti libéral du Québec
- Augmenter jusqu’à six fois les redevances sur l’eau aux industries qui l’utilisent
- Instaurer la gratuité des transports en commun pour les étudiants et les 65 ans et plus
- Redonner aux étudiants la possibilité de choisir l’institution collégiale dans la langue de leur choix
- Rendre le congé parental disponible pendant une période supplémentaire de six mois pour les parents qui n’arrivent pas à trouver une place en garderie
- Éliminer la taxe de bienvenue pour l’achat d’une première propriété
- Instaurer un nouveau palier d’imposition plus élevé pour les personnes qui gagnent plus de 300 000 $
- Éliminer le délai de six mois imposé aux nouveaux arrivants pour communiquer en français avec l’État
- Organiser une « COP-Québec » pour parler d’environnement
Québec solidaire
- Instaurer une couverture publique des services en santé mentale et embaucher 900 psychologues
- Mettre en place une assurance dentaire universelle
- Réduire de 50 % le coût du transport collectif
- Adopter une loi contre le gaspillage alimentaire interdisant aux grandes entreprises de l’alimentation et de la restauration de jeter des aliments invendus
- Développer un plan en transport collectif pour réduire les GES
- Instaurer une taxe moyenne de 15 % pour les véhicules polluants de 2023 à 2030 pour financer les subventions aux voitures électriques
- Imposer la rémunération de tous les stages
- Hausser le salaire minimum à 18 $ l’heure
Parti québécois
- Tenir un référendum sur la souveraineté dans un premier mandat
- Instaurer la PasseClimat : un titre de transport annuel donnant un accès illimité à tous les réseaux de transport en commun du Québec pour 365 $
- Devancer à 2030 l’interdiction de vente des véhicules à essence et établir l’obligation d’offrir un marché composé de 50 % de véhicules électriques dès 2025
- Mettre en place une couverture universelle de soins de psychothérapie
- Offrir la gratuité effective à l’université pour ceux dont les parents ont un revenu inférieur au salaire médian
- Soutenir la construction de logements sociaux avec une aide de 860 millions par année sur quatre ans
- Imposer une taxe aux géants du Web équivalant à 3 % de leurs chiffres d’affaires québécois
Parti conservateur du Québec
- Réduire de la taille de l’État
- Exiger l’abolition de la taxe fédérale sur le carbone, mais maintenir la Bourse du carbone
- Relancer le projet de création d’une usine de liquéfaction de gaz nature par GNL au Saguenay–Lac-Saint-Jean
- Modifier le programme de prêts et bourses afin que les étudiants qui travaillent pendant leurs études ne soient plus pénalisés
- Mettre fin au monopole de la SAQ
- Abroger la réforme de la Charte de la langue française (loi 96)
- Élaborer un projet de loi sur la francisation des immigrants
- Organiser un sommet sur la santé mentale des jeunes dans les 100 premiers jours
——— Élizabeth Lemay était conseillère au Cabinet de relations publiques NATIONAL
——— Simon Leblanc était conseiller principal au Cabinet de relations publiques NATIONAL