Élections Québec 2022 : le dernier droit
Si cette élection générale ne laisse aucun doute sur l’identité du parti politique qui dirigera le Québec pour les quatre prochaines années, il n’en demeure pas moins que d’intéressantes luttes régionales se dessinent. Rarement l’île de Montréal, traditionnellement acquise aux libéraux, aura-t-elle été le théâtre d’aussi chaudes luttes.
Après 50 ans à avoir dominé le paysage politique, on pourrait assister à l’effondrement historique du Parti Québécois (PQ) et du Parti libéral du Québec (PLQ). Chose certaine, des forteresses tomberont le soir du 3 octobre et donneront lieu à une profonde reconfiguration politique.
Par rapport à 2018, la Coalition Avenir Québec (CAQ) pourrait faire une vingtaine de gains (potentiellement jusqu’à 30), principalement aux dépens des libéraux (notamment à Laval, dans l’Outaouais et à Montréal) et du Parti Québécois (au Bas-Saint-Laurent, sur la Côte-Nord et en Gaspésie). En revanche, le parti de François Legault est menacé dans trois circonscriptions de la grande région de Québec qui pourraient basculer vers le Parti conservateur du Québec, en plus d'une autre circonscription en Estrie que convoite Québec solidaire.
Les luttes à surveiller
Sherbrooke et Saint-François
La candidate vedette de la CAQ, Caroline St-Hilaire réussira-t-elle à se faire élire dans la circonscription de Sherbrooke ? Rien n’est joué pour l’ancienne députée fédérale, mairesse de Longueuil et analyste politique qui croise le fer avec la députée sortante Christine Labrie, une étoile montante de Québec solidaire (QS). Dans cette contrée universitaire, le vote étudiant avait permis à la solidaire de l’emporter en 2018 face à l’ex-ministre Luc Fortin. Les sondages ne s’entendent pas sur la personne qui s’y fera élire.
À quelques kilomètres de là, Québec solidaire fonde beaucoup d’espoir dans la circonscription voisine, Saint-François où la formation de gauche a recruté la docteure Mélissa Généreux, ancienne directrice régionale de la Santé publique de l’Estrie à l’époque de la tragédie de Lac-Mégantic. La caquiste Geneviève Hébert devra batailler fort pour conserver son siège. Il s’agit de l’un des seuls sièges que Québec solidaire pourrait arracher à la CAQ.
Saint-Henri–Sainte-Anne
La forteresse libérale de Saint-Henri–Sainte-Anne pourrait tomber le soir du 3 octobre, une première depuis sa création en 1994. La défaite serait particulièrement difficile dans le camp libéral sachant que la circonscription n’appartient à nulle autre que… Dominique Anglade. Actuellement, nous avons droit à une lutte à trois opposant le PLQ, la CAQ et QS. Depuis les derniers jours, Mme Anglade sillonne les quartiers de Saint-Henri–Sainte-Anne dans l’espoir de conserver son siège à défaut de quoi ce sera vraisemblablement la fin de sa carrière politique.
Jean-Lesage
En 2018, une lutte à trois avait permis au solidaire Sol Zanetti de se faufiler et de faire son entrée à l’Assemblée nationale. On assiste cette année à un match revanche puisque la caquiste Christiane Gamache est à nouveau sur les rangs. Le libéral Charles Robert, la conservatrice Denise Peter et le péquiste Michaël Potvin complètent la liste des candidats. Dans ce secteur de Québec, l’opposition au troisième lien est particulièrement vive, ce qui avantage le candidat solidaire.
Chauveau
Toujours dans la région de Québec, mais dans la couronne nord, tous les yeux sont rivés sur Chauveau, là où se présente le chef conservateur Éric Duhaime. La CAQ et le PCQ se font une chaude lutte. Si M. Duhaime remporte son pari, il sera le premier député élu sous la bannière conservatrice à faire son entrée à l’Assemblée nationale du Québec.
Beauce-Nord et Beauce-Sud
Réputées pour leur conservatisme, les circonscriptions de Beauce-Nord et de Beauce-Sud suscitent la convoitise d’Éric Duhaime. Si le chef conservateur peut espérer une percée, c’est précisément dans ces deux circonscriptions. Les agrégateurs de sondages peinent à s’avancer sur qui remportera les deux élections en Beauce. Les caquistes Luc Provençal et Samuel Poulin n’ont pas dit leur dernier mot… et le chef de la CAQ non plus!
Verdun
La libérale et ex-ministre Isabelle Melançon est en danger dans le fief de Verdun. La CAQ aimerait bien mettre la main sur une première circonscription dans l’ouest de l’île de Montréal. Pour y arriver, le parti a fait appel à Véronique Tremblay, conseillère municipale d’arrondissement de Projet Montréal, le parti de la mairesse Valérie Plante.
Rouyn-Noranda-Témiscamingue
Encore une fois grâce au vote universitaire, Québec solidaire avait créé la surprise, en 2018, en mettant la main sur cette circonscription de l’Abitibi-Témiscamingue. Cette année, l’élection prend des allures référendaires autour de l'enjeu d’acceptabilité citoyenne concernant les émissions d’arsenic de la fonderie Horne. La députée sortante Émilise Lessard-Therrien fait face au caquiste Daniel Bernard, autrefois député libéral.
Camille-Laurin
Cette circonscription de l’est de l’île de Montréal, autrefois connue sous le nom de Bourget, est l’une des deux seules remportées par la CAQ en 2018. Paul St-Pierre Plamondon a choisi de se présenter dans ce fief qui a traditionnellement appartenu au PQ. En dépit de la bonne campagne qu’il mène sur le plan national, M. St-Pierre Plamondon tirait de l’arrière dans Camille-Laurin, mais avec le désistement de la candidate solidaire, un gain est à portée de main.
Maurice-Richard
Située dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, la circonscription de Maurice-Richard appartenait à la députée Marie Montpetit avant qu’elle ne soit écartée du caucus libéral en raison d’allégations de harcèlement. Cette fois, la lutte se joue entre Québec solidaire et la Coalition Avenir Québec qui y a dépêché une avocate bien connue, Audrey Murray, jusqu'alors présidente de la Commission des partenaires du marché du travail.
Bonaventure
Cette circonscription de la Gaspésie a longtemps appartenu à Gérard D. Lévesque et Nathalie Normandeau. Depuis une décennie, le PQ avait réussi à faire élire Sylvain Roy qui a, par la suite, siégé comme indépendant. Cette fois, le PQ propose une grosse pointure, l’ex-journaliste de TVA devenu avocat, Alexis Deschênes. Si le PQ espère conserver quelques circonscriptions, Bonaventure en fait assurément partie. De son côté, la CAQ mise sur Catherine Blouin, employée du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Gaspésie.