Élections Québec 2022 : sur la ligne de départ

Si le coup de sifflet a officiellement été donné, la campagne électorale, elle, a d’ores et déjà commencé par une première valse d’annonces et de promesses, de coups d’éclat et le début des hostilités.

Après un premier mandat marqué par la gestion de la pandémie, la Coalition Avenir Québec (CAQ) s’élance largement en tête des sondages. François Legault sera en quête d’un deuxième mandat majoritaire en tant que premier ministre. Contrairement aux autres candidats au poste, il est le seul chef de parti qui a déjà mené ses troupes pendant une campagne électorale. Cette différence pourrait jouer en sa faveur, mais offre aussi à ses rivaux une occasion de se démarquer comme leaders émergents et incarnant le renouveau.

La ligne de départ

Au moment de la dissolution de l’Assemblée nationale du Québec, la chambre était composée de :

  • 76 députés de la Coalition Avenir Québec (CAQ)
  • 27 députés du Parti libéral du Québec (PLQ)
  • 10 députés de Québec solidaire (QS)
  • 7 députés du Parti québécois (PQ)
  • 5 indépendants dont une indépendante identifiée au Parti conservateur du Québec (PCQ)

Les forces en présence

Sur la ligne de départ, cinq partis aspirent à conquérir le cœur des Québécois et leur portefeuille. Et, clairement, tous ne partent pas du même endroit. Certains jouent d’ailleurs leur va-tout alors que d’autres aspirent à faire des gains et à s’imposer comme une alternative crédible. Les forces en présence sont certes inégales alors que la CAQ dispose d’une large avance. Cela requiert, pour les autres partis, de générer rapidement des coups d’éclat pour percer le mur du son. Rappelons que la pandémie aura indirectement offert un temps d’antenne exceptionnel au gouvernement de la CAQ. La campagne permettra aux autres partis d’attirer, à leur tour, les projecteurs quoique ce temps d’antenne médiatique soit maintenant divisé en cinq, ce qui peut compliquer l’exercice pour les partis en quête de visibilité.

Stratégiquement, les partis d’opposition et le gouvernement misent sur une approche diamétralement opposée : les premiers doivent marquer des points alors que la CAQ doit tout faire pour ne pas en perdre. Cela explique d’ailleurs l’approche de grande prudence visiblement préconisée par la CAQ. On y décode une volonté de réduire les risques de dérapages et de faire mentir l’adage « Tout ce qui monte doit redescendre ». L’idée : s’en tenir au minimum, comme en témoignent les décisions de ne pas participer à certains débats et de ne pas se prêter à trop de grandes entrevues. On mise cependant sur une vaste offensive publicitaire où on contrôle le message à 100 % et dans laquelle on fait l’éloge du premier ministre sortant.

Pour les autres chefs de partis, les défis sont clairs : se démarquer sur une patinoire de plus en plus occupée, maintenir les acquis, voire « sauver les meubles », et se présenter comme une alternative crédible malgré des intentions de vote oscillant entre 10 % et 20 %, loin de la « zone payante » où les votes se traduisent en sièges.

À vos marques… prêts…

Les partis n’ont pas attendu le signal de départ pour lancer les hostilités et installer la trame narrative de leur campagne.

Votez vrai, vrais enjeux, vraies solutions (Parti libéral du Québec); Libres chez nous (Parti conservateur du Québec); Changer d’ère (Québec solidaire); Le Québec qui s'assume. Pour vrai (Parti québécois); Continuons (Coalition Avenir Québec) : les slogans sont d’ores et déjà révélateurs des grandes thématiques qui risquent de se retrouver au cœur des plateformes électorales.

Santé, inflation et économie, environnement et lutte aux changements climatiques, gestion de la pandémie, nationalisme, protection et défense du français : la valse des promesses est amorcée. Et si un suspense demeure, il porte essentiellement sur qui, des partis en lice, promettra la plus importante baisse d’impôts!

La stratégie de départ

La CAQ semble tout miser sur son chef. Or, après avoir recruté de grosses pointures et réuni une brochette de candidats de choix, elle aurait tout intérêt à jouer la carte de l’équipe la plus compétente et expérimentée pour gouverner.

En ce début de campagne, on veut garder le contrôle. Au cours des derniers jours, on s’est visiblement employé à éliminer les distractions. Parlez-en à Marie-Ève Proulx, visée par des allégations de harcèlement, qui aura finalement choisi de se retirer de la course avant le signal de départ.

Au plus bas dans les intentions de vote, le PLQ et le PQ donnent déjà l’impression de vouloir limiter les dégâts.

Rappelons que seuls Pascal Bérubé (Matane-Matapédia), Joël Arseneau (Îles-de-la-Madeleine) et Méganne Perry Mélançon (Gaspé) se représenteront pour porter les couleurs d’un PQ qui traîne de la patte dans les sondages. Pas étonnant qu’on cherche déjà à frapper l’imaginaire avec des annonces phares comme la « Passe climat », soit un accès illimité au transport en commun, partout au Québec, pour 1 $ par jour.

Du côté du PLQ, Dominique Anglade a, elle aussi, multiplié les annonces dans les derniers jours, notamment en matière de santé : un médecin de famille pour chaque Québécois, 1000 médecins de plus en cinq ans et la promesse de tripler d'ici 2030 le nombre de « super-infirmières ». On n’a rien à perdre et on sort déjà les gros canons. Il faudra maintenir le rythme et la cadence pour aspirer à maintenir les acquis, même dans les forteresses de Montréal, Laval et de l’Outaouais.

Alors qu’il agissait dans l’ombre de Manon Massé lors de la dernière campagne, Gabriel Nadeau-Dubois sera cette fois aux commandes de QS et a profité des derniers jours pour annoncer des candidatures de choix, dont un deuxième directeur de santé publique. François Legault n’a pas manqué de lui décocher ses premières flèches sur la question des changements climatiques. Rappelons qu’à Québec, QS a perdu sa vedette, Catherine Dorion, reconnue pour occuper le terrain et attirer les projecteurs. Il sera intéressant de surveiller qui jouera ce rôle au moment où des luttes serrées s’annoncent.

Pour sa part, le chef du PCQ, Éric Duhaime, a réussi un véritable tour de force en mobilisant plus de 1000 personnes pour son lancement de campagne à Québec, puis 1300 autres en Beauce samedi dernier. Il aura aussi été le premier à avoir complété son équipe de 125 candidats. Excellent communicateur, il sera tout particulièrement à surveiller lors des débats.

Une campagne n’est jamais finie tant que...

De nombreux analystes politiques prévoient une forte majorité pour la CAQ. Or, une campagne n’est pas terminée tant et aussi longtemps que le dernier bulletin de vote n’a pas été compté et en cette matière, l’histoire l’a démontré.

En politique, chaque journée est une éternité et tout peut arriver!

Alors, sortez le maïs soufflé et laissez-vous guider par nos analystes qui, au cours des cinq prochaines semaines, décortiqueront pour vous cette campagne et ses rebondissements. Articles, balados, entrevues : nous serons de toutes les tribunes pour vous parler des enjeux, des stratégies, des défis et surtout, pour vous faire découvrir les coulisses de cet univers fascinant.

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Rédigé parJulie-Anne VienAssociée directrice
Rédigé parAlexandre BoucherAssocié et vice-président principal, Affaires publiques

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