Un contexte économique difficile pour les producteurs agricoles du Québec
En février dernier, l'Union des producteurs agricoles (UPA) a lancé un sondage auprès de ses membres dans le but de connaître l’impact de l'inflation, des coûts de production et de la hausse des taux d’intérêt sur leurs activités. Car, depuis 2020, les productrices et producteurs agricoles du Québec subissent une explosion des coûts des intrants (plus particulièrement le carburant, les engrais et l’alimentation animale). Ceux qui ont investi pour automatiser leur production voient leurs paiements d’intérêt exploser et la relève agricole, qui a peu d’équité, est frappée de plein fouet par la hausse des taux d’intérêt.
Selon les résultats du sondage publié le 12 avril, ce serait près de 30 % des producteurs dans l’ensemble du Québec qui prévoiraient devoir essuyer un solde négatif en raison des hausses du taux d’intérêt. Parmi les membres sondés, 40 % craindraient un défaut de paiement et autre conséquence, plus de 60 % des fermiers prévoiraient diminuer ou reporter leurs investissements.
Dans son mémoire déposé lors de la consultation prébudgétaire, en prévision du budget 2023-2024 du gouvernement du Québec, l’UPA proposait plusieurs mesures gouvernementales pour aider ses membres à traverser la crise, notamment un réinvestissement de 500 M$ par année en agriculture, un crédit d’impôt pour l’achat d’équipement destiné aux fermes ayant des revenus annuels de 50 000 $ et moins et un taux d’intérêt plafonné à 3 % pour la relève. Lors de la présentation de son budget, à la fin mars, le gouvernement a annoncé qu’il prévoyait mettre en place des initiatives totalisant 813,1 millions de dollars sur cinq ans de manière à appuyer l’essor de tout le secteur bioalimentaire. Visant à accroître l'autonomie alimentaire du Québec, ce montant sera utilisé pour le financement de la Politique bioalimentaire et de programmes favorisant les investissements pour accroître la productivité, ainsi que l’adoption de pratiques agroenvironnementales durables. À cela s’ajouteront 23,2 millions de dollars pour reconnaître et rétribuer les pratiques agroenvironnementales comme la réduction de l’usage de pesticides ou les aménagements favorables à la biodiversité.
Selon l’UPA, les attentes sociétales au regard de la transition écologique et la très grande compétitivité des marchés commandent un dialogue continu avec le gouvernement quant à l’obtention d’un soutien supplémentaire pour aider les entreprises agricoles pour lesquelles la rentabilité est compromise.
Les résultats de ce sondage démontrent la complexité et l'importance des enjeux qui préoccupent l'industrie bioalimentaire qui, avec un PIB de 28,2 G$, représente 7.4% de l’économie du Québec. Au courant des prochains mois, l'équipe de NATIONAL restera à l'affût de ces enjeux qui touchent durement le secteur à l’échelle québécoise et canadienne. Et l’équipe pancanadienne d'affaires publiques continuera de suivre les développements concernant les demandes du secteur bioalimentaire.
——— Jacinthe Côté était directrice principale et leader, secteur Agroalimentaire au Cabinet de relations publiques NATIONAL