Transformer du négatif en positif : s’inspirer des Canadiens de Montréal
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C’est vendredi dernier qu’a pris fin la saison 2021-2022 des Canadiens de Montréal, qui ont terminé au 32e et dernier rang du classement général de la Ligue nationale de hockey (LNH). Une saison que l’on pourrait qualifier de désastreuse si on ne se fiait qu’à la colonne des victoires et des défaites.
Or, si on pousse l’analyse un peu plus loin, on peut remarquer que le Tricolore a réussi à transformer du négatif en positif, notamment grâce à quelques changements et décisions clés au cours de l’année.
Des changements qui pourraient inspirer plus d’une entreprise, sportive ou pas, aux prises avec des problèmes ou de mauvaises nouvelles à communiquer.
Transparence, transparence, transparence
C’est le mot qui résume à merveille la fin de la campagne des Canadiens. L’équipe de direction a été étonnamment candide et ne s’est pas cachée des changements importants à venir au sein de l’organisation, tant durant la saison que samedi dernier, alors que les joueurs vidaient leur casier.
« Jeff Petry sera-t-il échangé? » Peut-être, si le prix est juste. « Qu’en est-il de l’avenir de Carey Price et de son état de santé? » On ne sait pas, on lui souhaite de revenir en force. « Allez-vous libérer de l’espace sur la masse salariale? » On garde toutes nos options ouvertes sans hypothéquer notre avenir.
Cette ouverture de la part du directeur général Kent Hughes a eu l’effet d’un vent de fraîcheur et permet aux partisans de tempérer leurs attentes auprès de leur équipe favorite. On sait exactement sur quel pied danser, qu’on soit d’accord ou pas avec le processus.
Les réponses de Martin St-Louis en conférence de presse, ainsi que les communications claires et explicites du CH au sujet des blessures ou de l’absence de certains joueurs vont également en ce sens. En tant que non-initiés, on sent qu’on fait partie du processus et qu’on dispose de toute l’information disponible.
Les critiques risquent ainsi d’être moins acerbes. Et les partisans seront probablement plus compréhensifs et confiants envers l’équipe en place. C’est vrai pour les Canadiens, mais aussi pour toute organisation faisant face à un enjeu ou à une crise : la transparence est toujours de mise.
Miser sur son produit
Dans le cas qui nous intéresse, il est évidemment question des joueurs, parce qu’au final, ce sont leurs performances qui vendent des billets, des chandails et des casquettes. Mais on fait également allusion à la marque comme telle.
Les Canadiens de Montréal jouissent d’une notoriété importante bien au-delà des frontières du Québec ou du Canada. L’équipe a donc le loisir d’utiliser cette popularité et sa renommée afin de faire valoir son produit.
L’équipe de direction a fait l’éloge des Suzuki, Caufield, Evans ou Romanov en détail cette année, ce qui a eu pour effet de recentrer la discussion autour des bonnes performances des jeunes plutôt que sur le résultat des parties.
Tant qu’on voyait des efforts et de la volonté de leur part, la marque finale était reléguée au deuxième rang.
Et que dire de la relation entre Suzuki et Caufield, justement? Les deux semblent être les meilleurs amis du monde, tant sur la glace qu’à l’extérieur de la patinoire. Grâce à l’équipe des médias sociaux, qui a mis les bouchées doubles pour nous montrer des séquences ou des interactions entre eux, on peut voir un côté différent qui nous fait les apprécier encore plus.
On ne pourrait passer sous silence l’utilisation des différentes plateformes sociales par les Canadiens, qui sont d’ailleurs devenus l'équipe de la LNH la plus suivie sur Twitch cette fin de semaine passée. Ils ont fait un usage judicieux de Twitter, d’Instagram et même de TikTok, ce qui leur a permis de se démarquer. Quoi de mieux qu’un peu de memes, de contenu inédit et d’images derrière les portes closes pour mettre un peu de bonheur dans le cœur des partisans?
Le CH a donc prouvé tout au long de la saison l’importance d’avoir une stratégie marketing multicanale, qui va au-delà des médias traditionnels, pour se mettre en valeur. Plusieurs organisations, qu’importe l’industrie, pourraient s’en inspirer.
Vendre le futur
Finalement, on sent réellement que l’équipe de direction a un plan clair pour bâtir une équipe qui peut aspirer aux grands honneurs d’année en année : on mise sur la jeunesse et sur le repêchage. On s’éloigne des demi-reconstructions, de la signature de joueurs autonomes à fort prix ou des changements à la volée.
Le message de la direction? Oublions les séries l’année prochaine, voire l’année suivante, et concentrons-nous sur la progression de nos jeunes à long terme. On donne donc l’heure juste tant à nos employés – les joueurs – qu’aux autres parties prenantes – les partisans, les médias, les commanditaires. Les consommateurs vont accepter ce plan s’ils en comprennent toutes les ramifications.
On sent qu’on peut avoir confiance en Geoff Molson, Jeff Gorton, Kent Hughes et Martin St-Louis pour apporter les changements nécessaires et mener à bien ce grand chantier. Avoir un leadership fort qui insuffle la confiance constitue un élément excessivement important, voire essentiel, en période d’incertitude.
C’est vrai pour une équipe de hockey, mais également pour une entreprise. Avec les bonnes personnes à la tête de son organisation et une vision claire et bien articulée, il est beaucoup plus facile de susciter l’adhésion de ses parties prenantes. Sky is the limit, non?