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Budget du Québec 2025 : la Maison-Blanche s’invite au salon Rouge

Budget du Québec 2025 : la Maison-Blanche s’invite au salon Rouge

LA PRESSE CANADIENNE/Karoline Boucher

LA PRESSE CANADIENNE/Karoline Boucher

Un déficit record de 13,6 G$ et un retour à l’équilibre en 2029-2030

Quelques chiffres et faits saillants

  • Malgré le contexte d’incertitude, le gouvernement réitère son engagement de maintenir une saine gestion des finances publiques.

  • Croissance économique : la progression du PIB réel au Québec se situera à 1,1 % en 2025 et à 1,4 % en 2026. La croissance économique sera freinée par l’incertitude entourant les tarifs douaniers.

  • Retour à l’équilibre budgétaire : le gouvernement présente un plan prévoyant un retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans, soit 2029-2030.

  • Le cadre financier prévoit une provision pour éventualités de 8,5 G$ sur cinq ans.

  • Déficit comptable avant versements des revenus consacrés au Fonds des générations : 11,4 G$ en 2025-2026,

  • Déficit selon la Loi sur l’équilibre budgétaire, c’est-à-dire après versements des revenus consacrés au Fonds des générations, sera de 13,6 G$.

  • Dette : au 31 mars 2025, le poids de la dette nette s’établira à 38,7 % du PIB. On prévoit une diminution graduelle de ce ratio à compter de 2028-2029 et une nouvelle cible de réduction à 32,5 % du PIB d’ici 2037-2038

Analyse

L’image était forte : le budget le plus déficitaire de l’histoire – 13,6 G$ de dollars – aura été lu au Salon Rouge, exactement la couleur de l’encre avec laquelle il a été écrit.

De toute évidence, le nouveau locataire de la Maison-Blanche est venu déjouer les prévisions, et ses menaces tarifaires viennent assombrir les perspectives économiques du Québec. Dans le contexte de guerre tarifaire, le gouvernement investit massivement dans l’aide aux entreprises et les mesures de stimulation économique.

Ce budget a été écrit avec une hypothèse prévoyant que « les droits de douane imposés par les États-Unis pourraient être ajustés au cours des prochains mois, que leurs effets seraient en moyenne équivalents à des tarifs de 10 % et qu’ils pourraient être en place pour une période transitoire d’environ deux ans ».

Dans l’expectative que cette hypothèse ne tienne plus, le gouvernement pourra compter sur une provision pour éventualités de 8,5 G$.

Le ministre des Finances Eric Girard a parlé d’un budget « complexe ». En fait, il est assez simple : il prévoit des mesures totalisant près de 12,3 G$ d’ici cinq ans pour soutenir la création de richesse pour les Québécois.

Les mesures d’aides aux entreprises massivement sous formes de prêts étaient déjà connues avec la présentation de ce budget; le gouvernement ajoute maintenant des mesures plus ciblées. Et au-delà des mesures à court terme, le gouvernement veut jeter les bases de l’économie de l’avenir en mettant le cap sur l’innovation et la recherche et développement.

Retour à l’équilibre : le chemin est tracé

Québec est déterminé à mettre fin à neuf années consécutives de déficits et maintient le cap sur l’objectif d’atteindre le déficit zéro en 2029-2030. L’effort identifié correspond à une somme de 6 G$ sur l’horizon 2029-2030 et le gouvernement table sur une amélioration de la situation économique pour combler le reste de l’écart.

Le gouvernement prévoit une hausse des dépenses de 1,9 % jusqu’en 2029-2030, nettement en-deçà des coûts de système. Avant aujourd’hui, le gouvernement se serrait déjà la ceinture; il le fera encore davantage dans les prochaines années.

De plus, le gouvernement « améliore le régime fiscal » ̶ lire ici un ménage dans une série de crédits d’impôt ̶ ce qui permet de dégager des sommes de près de 3 G$ sur cinq ans. D’autres passeront à la caisse : les propriétaires de véhicules électriques et certains bénéficiaires de crédits d’impôt.

Pour le reste, une large part de l’effort sera effectué par l’État :

  • Maintien du gel de l’embauche dans les ministères hors des réseaux de la santé et de l’éducation et faire ressources informationnelles.

  • Plan d’optimisation des espaces et des loyers de l’administration gouvernementale.

  • Gouvernance et gestion des ressources informationnelles gouvernementales.

  • Création de nouveaux regroupements d’achats.

Sur le plan politique, la CAQ s’en tire plutôt bien avec ce budget :

  • Le déficit record en chiffres absolus se justifie dans le contexte de guerre commerciale.

  • Les mesures de retour au déficit zéro émanent beaucoup d’un effort gouvernemental.

  • Et en haussant son PQI de 11 G$, il pourra financer des projets d’infrastructure, dont raffole la députation.

  • Maintenant, avec une croissance des dépenses famélique, plusieurs le taxeront d’administrer un régime d’austérité.

Après nous avoir habitués à des mesures flamboyantes et électoralement alléchantes, le ministre Girard est maintenant guidé par la prudence et la sobriété. À 18 mois d’une élection, il résiste à la tentation de verser dans le clientélisme. De toute façon, il n’en a plus les moyens.

Il a plutôt choisi d’affuter ses armes et de sortir l’artillerie lourde. Après tout, le ministre s’en va en guerre. En guerre commerciale.

Principales mesures

Mesures fiscales et budgétaires majeures

Le budget prévoit près de 12,3 G$ d’initiatives additionnelles d’ici cinq ans.

Stimuler la création de richesse 5,4 G$ :

  • 4,1 G$ pour soutenir et dynamiser l’économie québécoise en offrant une aide transitoire aux entreprises touchées par les tarifs américains et accorder des aides financières sous forme de prêts qui représentent un apport de liquidités de 1,6 G$.

  • Appuyer la réalisation de projets d’investissement en prolongeant les mesures d’amortissement accéléré, en favorisant la réalisation de projets d’entreprises, en poursuivant l’offensive de formation en construction, en favorisant la diversification des marchés.

  • Favoriser l’innovation dans des secteurs stratégiques en renouvelant notamment la Stratégie québécoise des sciences de la vie, en appuyant la recherche et l’innovation en entreprises dans des secteurs prioritaires, et le développement de la zone d’innovation.

  • Moderniser les services publics pour en accroître l’efficacité.

  • Aider les PME à fort potentiel.

  • Propulser les jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de croissance.

759 M$ pour favoriser l’apport des régions à la création de richesse :

  • Poursuivre les initiatives pour une meilleure connectivité.

  • Valoriser nos minéraux critiques et stratégiques en adoptant un nouveau plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques pour la période 2025-2030.

  • Soutenir le secteur forestier en favorisant la diversification de l’industrie des produits forestiers et l’innovation.

  • Poursuivre l’appui au secteur touristique par le soutien des festivals et des évènements touristiques.

Soutenir les Québécois par des initiatives totalisant 6,8 G$ :

  • 3,9 G$ pour assurer une meilleure prestation des soins de santé et des services sociaux.

  • 1,1 G$ pour encourager l’éducation et le développement des jeunes.

  • 550 M$ pour favoriser le bien-être des personnes.

  • 717 M$ pour mettre en valeur la culture et l’identité québécoises en bonifiant notamment le financement destiné au Conseil des arts et des lettres du Québec et en poursuivant le soutien aux entreprises culturelles à travers la SODEC.

  • 636 M$ pour appuyer les collectivités.

Des efforts sont déployés pour améliorer le régime fiscal représentant près de 3 G$ sur cinq ans :

  • Pour optimiser l’aide fiscale aux entreprises.

  • En ciblant les activités du secteur des TI à plus forte valeur ajoutée.

  • En recentrant le crédit d’impôt relatif aux ressources sur les minéraux critiques et stratégiques.

Le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2025-2035 est porté à 164 G$, soit une augmentation de 11 G$.

Prochaines étapes :

  • Débat sur le budget (25 heures).

  • Étude des crédits budgétaires en commissions parlementaires (100 heures) dès avril

  • Adoption (en mai).