La boîte de Pandore de la théorie monétaire moderne
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Certains pensent que nous vivons dans une simulation - que cela soit vrai ou non, c'est difficile à prouver. De même, certains considèrent la monnaie comme une fiction. Plutôt que de refléter une valeur intrinsèque sous-jacente, il s'agit simplement des mathématiques que nous utilisons pour suivre les transactions et mesurer les performances. Pour les gouvernements, il s'agit d'un outil permettant d'ajuster l'économie en contrôlant la masse monétaire. Pensez à l'argent frais injecté dans l'économie par l'assouplissement quantitatif déployé lors de la récession de 2008 et aux fonds gouvernementaux importants consacrés aux programmes de secours en cas de pandémie.
La pandémie a également introduit la théorie monétaire moderne (plus connue en anglais sous l'abréviation MMT) dans les conversations sur la meilleure façon de gérer l'économie. La MMT a été inventée par Bill Mitchell, professeur à l'université de Newcastle en Australie et est une extension de certaines des idées avancées par John Maynard Keynes (The Deficit Myth de Stephanie Kelton fournit une excellente explication). En termes simples, elle postule que les pays qui émettent une monnaie souveraine, comme les États-Unis et le Canada, peuvent imprimer autant d'argent que nécessaire pour financer les programmes publics. La dette d'un gouvernement dans sa propre monnaie ne devrait pas être un problème, car elle peut être remboursée avec l'argent qu'il crée.
Bien qu'il s'agisse apparemment d'un nouveau concept, une forme de MMT a été la pratique courante dans de nombreux pays - même si le langage qui l'entoure a considéré les déficits créés comme aussi problématiques que les dettes personnelles. Cependant, le fait d'adopter ouvertement la MMT comme stratégie supprime-t-il la prudence que les gouvernements devraient avoir dans son application?
Sans une intervention importante du gouvernement, la récession de 2008 et l'impact économique de la pandémie auraient probablement dégénéré en une véritable dépression comme celle des années 1930. La Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) a soutenu le revenu de millions de Canadiens. Pourtant, son coût, estimé à 110 milliards de dollars sur deux ans, dépasse celui des prestations pour enfants, des transferts de soins de santé et des paiements de péréquation. En outre, la Prestation canadienne d’urgence (PCU) versée aux particuliers a été estimée à 71 milliards de dollars. On peut soutenir que ces montants importants étaient nécessaires pour faire face à l'impact de la pandémie. Cependant, la MMT admet que les dépenses excessives du gouvernement peuvent créer de l'inflation. De plus, l'argent créé par la MMT devrait être appliqué à des investissements productifs et non pas créer des bulles spéculatives.
Au lendemain de la pandémie (ou presque), nous sommes confrontés à une inflation élevée et persistante et à des prix du logement qui atteignent des records. D'autres facteurs ont joué un rôle dans la croissance de l'inflation, comme les problèmes de chaîne d'approvisionnement et la guerre en Ukraine. Cependant, l'augmentation de la masse monétaire et le fait qu'une partie de cet argent soit appliquée à l'achat d'actifs plutôt qu'à la production, a également joué un rôle.
En tant que théorie économique, la MMT adopte le concept de la monnaie comme une fiction. En déployant une monnaie généreusement flexible, un gouvernement interventionniste peut créer une société avec le plein emploi, des programmes sociaux entièrement financés et soutenir des initiatives telles que la neutralité carbone. Cette intervention place également les gouvernements dans le rôle de banques centrales, ce qui rend problématique une application fidèle de la théorie.
Un politicien élu n'a guère de difficulté à annoncer de nouveaux financements pour des programmes, surtout lorsque cela suscite un plus grand soutien de la part des électeurs. Cependant, il serait difficile pour la plupart des politiciens d'annoncer, comme l'a fait le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, que certains Canadiens seront confrontés à des difficultés en raison des programmes de la Banque visant à maîtriser l'inflation. Créer librement de l'argent sans taxer ou augmenter les taux pour contrôler un excédent peut créer une hyperinflation.
Même si nous vivons dans une simulation, nous devons veiller à appliquer une approche réaliste pour maintenir l'économie sur les rails.