Analyse des plateformes environnementales des partis fédéraux à l'aube de la COP26
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En novembre prochain, le premier ministre libéral nouvellement réélu Justin Trudeau représentera le Canada à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, également connue sous le nom de COP26, qui prendra place à Glasgow en Écosse. Rappelons que depuis la création de cette conférence, le Canada n'a toujours pas réussi à atteindre un seul objectif fixé dans les accords signés lors de ces événements – même durant les mandats de M. Trudeau.
En observant le nombre de sièges obtenus par chaque parti, il serait facile de prétendre que la dernière élection fédérale ne changera rien à l'élaboration des politiques des prochaines années, y compris en ce qui concerne la lutte aux changements climatiques. Cela dit, en analysant de plus près les plateformes des partis lors de cette élection, on se rend compte qu'elles sont très différentes de celles présentées en 2019.
Parti libéral
En 2019, plusieurs experts du climat ont critiqué le Parti libéral pour le manque d'ambition de sa plateforme en matière de lutte contre les changements climatiques. En 2021, probablement dans le cadre d'une opération de séduction des électeurs progressistes tentés de voter pour le NPD ou le Parti vert, les libéraux ont livré une plateforme beaucoup plus ambitieuse sur les questions climatiques. Pendant la campagne, le chef libéral Justin Trudeau a déclaré aux journalistes qu'il avait mal digéré la situation lorsqu’en 2019, des experts du climat avaient déclaré que les plans climatiques des néo-démocrates et des verts étaient meilleurs que le sien. Il a déclaré que lui et son équipe avaient fait leurs devoirs et consulté des experts pour proposer un meilleur plan. À en juger par la réaction de plusieurs experts du climat au plan climatique libéral de 2021, cela semble avoir fonctionné.
Nouveau Parti démocratique
Le NPD a mené une campagne très différente de celle qu'il a menée en 2019. En 2015, le NPD, alors dirigé par Thomas Mulcair, a tenté d'adopter une approche plus modérée, espérant que cela l'aiderait à remporter certains sièges qui reviennent habituellement aux libéraux. Malgré le départ de Mulcair, le parti a opté pour cette même approche en 2019, ce qui n'a pas été un succès, puisque les libéraux ont profité de l'occasion pour bifurquer vers la gauche de l’échiquier politique et faire valoir que leur plan était plus audacieux que celui du NPD. Voyant que cette approche n'apportait pas les résultats escomptés, les néo-démocrates ont décidé, avant l'élection de 2021, de revenir à une approche plus à gauche sur de nombreux sujets, dont les changements climatiques. Dans un Parlement dirigé par une minorité libérale, le NPD peut jouer un rôle en veillant à ce que les politiques des libéraux soient plus ambitieuses.
Bloc québécois
La crédibilité du Bloc québécois en matière de changement climatique a été entachée lorsque son chef Yves-François Blanchet a appuyé le controversé projet du troisième lien entre les villes de Québec et Lévis, qui est vigoureusement soutenu par le gouvernement de la CAQ. Cependant, en observant de plus près le programme du Bloc, on relève des engagements politiques intéressants axés sur la lutte aux changements climatiques. Par exemple, il propose de soutenir les provinces dont l'économie sera plus durement touchée par une transition énergétique, comme l'Alberta. Cette approche très régionaliste qui est une marque de commerce du Bloc pourrait être utile pour apaiser les tensions entre les provinces... à condition qu'elles l’adoptent, ce qui est peu probable.
Parti conservateur
Les conservateurs semblent avoir trouvé le moyen d'intégrer la lutte aux changements climatiques à leur stratégie de conquête des électeurs. Bien que leur plan climatique n'ait pas été adopté d'emblée par les experts, il constitue tout de même un énorme progrès par rapport à leur dernière campagne. En 2019, qui aurait pensé qu'un chef conservateur approuverait une taxe sur le carbone? Si Erin O'Toole reste à la tête du parti, il se peut que l'opposition officielle arrive à proposer des idées constructives au gouvernement nouvellement élu. Les conservateurs sont également ceux qui détiennent le plus de sièges en Alberta, la province qui a le plus à perdre dans le cadre d’une transition énergétique. Il est donc essentiel pour le gouvernement de maintenir un dialogue avec cette partie du Canada, afin que personne ne soit laissé pour compte dans la lutte aux changements climatiques.
En résumé, il semble que cette élection ait forcé plusieurs partis politiques à changer leur approche concernant la question climatique, alors que de plus en plus de Canadiens en subissent les conséquences, que ce soit les sécheresses et les feux de forêt en Colombie-Britannique ou les canicules au Québec et en Ontario.
Dans ce contexte politique, le Canada a l'opportunité de se présenter comme l’un des grands leaders de la lutte contre les changements climatiques lors de la COP26 en novembre. Toutefois, il est encore trop tôt pour savoir si l'approche adoptée par les partis au Parlement reflétera celles qu'ils préconisaient durant la campagne électorale.
——— Claire de Muns était coordonnatrice, Relations gouvernementales au Cabinet de relations publiques NATIONAL