New parliamentary session in Quebec: The Pantone government
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Alexandre Boucher, Vice President, Public Affairs at our Quebec City office, shares his thought on the start of a new parliamentary session at Quebec's National Assembly. (The article is in French.)
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Jusqu’ici, pour faire vibrer la corde nationaliste des Québécois et assouvir ses ambitions identitaires, François Legault avait montré son côté bleu. Mais le premier ministre du Québec a annoncé ses couleurs pour 2020 : il entend révéler son côté vert. Il sera intéressant de découvrir la face cachée de ce gouvernement, car en campagne électorale, la Coalition avenir Québec avait démontré une bien maigre avidité pour les enjeux environnementaux.
Pour faire mentir ceux qui l’ont affublé de l’étiquette de climatosceptique, le gouvernement Legault a accouché, quelques jours avant l’ouverture de la session parlementaire, d’une vaste réforme de la consigne, un projet qui vivotait dans l’appareil gouvernemental depuis plus de 10 ans, et d’un projet de troisième lien qui prévoit maintenant une place prédominante au transport collectif.
Dans les prochaines semaines, le gouvernement entend présenter une nouvelle mouture du plan d’action sur les changements climatiques et une autre stratégie sur l’électrification. La conversion verte prévoit aussi l’adoption du nouveau cadre législatif pour réformer le Fonds vert et une volonté de donner le coup d’envoi à de nouveaux projets de transports collectifs.
Comme à l’habitude, le dépôt du budget constituera un moment charnière de cette session parlementaire. Déjà, on chuchote en coulisses que le deuxième exercice budgétaire du ministre Éric Girard consacrera d’importantes sommes pour sceller la profession de foi environnementale du gouvernement. Évidemment, il faut s’attendre à ce que les troupes caquistes abordent l’enjeu environnemental avec une approche pragmatique et articulée autour de la création d’une nouvelle filière économique.
Devant les surplus qui ne cessent de s’accumuler, mais surtout pour calmer l’appétit des employés de l’État dont le contrat de travail prend fin le 31 mars 2020, le gouvernement cherche à baisser les attentes. Tous les membres du gouvernement ont reçu le mémo : les marges de manœuvre ont déjà été distribuées, et pas question de diminuer à nouveau le fardeau fiscal des contribuables autrement que par les mesures déjà annoncées.
Place à de nouvelles structures!
À l’aube d’une session qui s’annonce mouvementée, les apparatchiks caquistes, en fins renards, ont pris soin d’éventer un sondage interne qui confirme la cote d’amour de l’électorat avec la formation politique. Il faut dire que le sondage a été mené dans la tranquillité de janvier, au moment où les gouvernements sont à l’abri des controverses susceptibles de chatouiller ou de hérisser l’opinion publique.
Deux des ministres les plus en vue de ce gouvernement, Simon Jolin-Barrette et Geneviève Guilbault, auront un rôle plus effacé. Le premier souhaite faire oublier le cafouillage entourant ses réformes de l’immigration, la seconde terminera un court congé de maternité avant de replonger dans sa réforme de la police. On peut présumer que le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, sera sur la première ligne... ou la ligne de front. Chose certaine, il devra faire face au tir groupé des oppositions qui le sommeront d’aller plus loin et plus vite pour lutter contre l’urgence climatique.
La session n’est pas encore commencée qu’elle a déjà des allures de fin de session : le gouvernement a clairement laissé entendre son intention de recourir rapidement au bâillon – une procédure parlementaire accélérée – pour forcer l’adoption du projet de loi no 40 modifiant la gouvernance scolaire, abolissant les élections scolaires et transformant les commissions scolaires en centres de services.
Pour le reste, le gouvernement complétera ses réformes annoncées : création d’Infrastructures technologiques Québec et du Centre d’acquisitions gouvernementales en réponse au démantèlement du Centre de services partagés du Québec; étude du projet de loi sur un nouveau mode de scrutin; et ajustements au régime de congés parentaux.
En santé, la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse poursuivra ses travaux, et le gouvernement continuera de se préparer au pire si jamais des cas de coronavirus se déclaraient au Québec. Par ailleurs, les parlementaires québécois suivront attentivement la décision du gouvernement fédéral concernant l’élargissement de l’aide médicale à mourir dans la foulée du jugement Gladu-Truchon. Enfin, le ministère de la Santé ayant levé le moratoire sur les projets informatiques, les établissements du réseau pourront à nouveau soumettre des projets en technologies de l’information pour accélérer la mise à niveau des outils et applications et obtenir les budgets nécessaires à leur déploiement.
Un mot sur les oppositions
En filigrane, et dans une relative indifférence, deux courses au leadership – l’une libérale, l’autre péquiste – entreront dans leur dernière ligne droite. N’empêche, ces courses à la chefferie constituent une distraction aux rôles parlementaires que les libéraux et les péquistes sont censés jouer. Pendant que l’attention des « vieux partis » dévie de l’Assemblée nationale, c’est le gouvernement en place qui bénéficie d’une période d’accalmie.
Dès la prochaine session, le premier ministre aura de nouveaux interlocuteurs à qui donner la réplique. À ce moment, l’heure de la mi-mandat sera sur le point de sonner, la joute partisane montera d’un cran et les parlementaires seront atteints d’une épidémie contagieuse : la fièvre électorale.
En attendant, la CAQ, qui s’est toujours présentée comme une coalition multicolore sur le plan politique, compte ajouter quelques nuances de vert à sa personnalité. À l’issue de cette session parlementaire, on pourra déterminer s’il s’agissait d’un vert pâle ou d’un vert foncé.
Si Pantone dévoile sa couleur chaque nouvelle année, la CAQ a décidément choisi de présenter une autre teinte chaque session parlementaire.
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