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(The article is in French.)

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La crise sanitaire actuelle bouleverse notre univers. Elle n’ébranlera toutefois pas notre optimisme et notre force devant l’adversité. Cette force est d’abord manifeste chez nos travailleurs de la santé qui montent au front quotidiennement. Elle doit l’être aussi chez nos acteurs économiques fortement ébranlés.

Car si nous sommes persuadés que le coût de ne rien faire aurait été spectaculairement plus élevé, il n’en demeure pas moins que l’impact économique de la pause est majeur. Avec une estimation trimestrielle de la baisse du PIB (annuel) de 6 %, d’une chute des chiffres d’affaires de l’ordre de 50 milliards $ et des manques à gagner pour les ménages québécois de 15 milliards $, la situation est inédite.

La « pause » que nous vivons doit être vue comme un moment charnière. Elle doit nous stimuler pour la suite, éveiller notre créativité et, à l’évidence, elle doit nous fournir l’occasion de préparer le rebond. Préparer le rebond, c’est alimenter le Plan de relance du gouvernement du Québec avec des projets concrets et structurants.

Un Plan de relance qui doit s’inspirer du portfolio des entreprises

Les ministères à vocation économique ont amorcé la réflexion sur la relance économique. À coup sûr, la séquence sera à la fois sectorielle et régionale et elle sera accompagnée d’incontournables mesures sanitaires. La réflexion gouvernementale ne doit toutefois pas miser sur des outils classiques de relance ou de stimulation économique, car la situation actuelle n’est ni une récession, ni une catastrophe sectorielle. Cette crise globale commande une offensive agressive et ciblée afin de susciter une reprise rapide, un « choc » positif sur l’économie, aussi brutal que celui que nous avons encaissé durant la pandémie; des interventions structurées, collées à la réalité des entreprises et à leurs besoins afin de reprendre le terrain perdu, avec force et vigueur et de produire rapidement les recettes fiscales massives dont les gouvernements auront cruellement besoin. Nous ne nous relèverons pas de ce traumatisme économique uniquement en augmentant le budget des infrastructures et la place de l’État comme nous le faisons traditionnellement au sortir d’une récession. Nous vivrons une contraction majeure et il nous faudra un plan pour s’en sortir.

L’actuelle « pause » doit permettre aux entreprises de se mettre au travail et d’élaborer rapidement des projets d’investissements qui seront nécessaires afin qu’elles rebondissent.

Évaluer nos plans d’affaires, revoir nos façons de produire ou de prodiguer des services, évaluer nos forces et nos lacunes, jauger l’ouverture de fronts nouveaux dans les secteurs stratégiques et dans nos plateformes de distribution, doivent notamment faire partie de nos réflexions.

Il y a quelques semaines, personne ne se souciait de la production d’équipements médicaux hors de nos frontières, ni de notre relative dépendance alimentaire. On comprend mieux aujourd’hui ce que veut dire : « There is no gift among Nations » avec les réflexes protectionnistes et nationaux des pays que, hier encore, l’on qualifiait de partenaires sûrs et dévoués. Nous serons loin de l’autarcie, mais la prudence économique minimale l’emportera désormais sur le plus bas soumissionnaire conforme. Il y a là des opportunités.

La pandémie a aussi révélé au grand jour nos retards en automatisation, en numérisation et en robotisation, notamment, ainsi qu’à l’égard de notre capacité à organiser le travail à distance et à produire avec un effectif minimum sur le terrain. Elle nous fournit maintenant l’occasion unique de pallier la désuétude de certains de nos processus de production et de repenser nos approvisionnements en biens et services stratégiques.

La pause doit nous permettre également de susciter la réalisation des projets de transition énergétique et de la lutte aux changements climatiques déjà dans les cartons du gouvernement ou en élaboration au sein des entreprises. Nous sommes assis notamment sur des richesses naturelles, gaz naturel, géothermie profonde (pour la production concurrentielle en serres), minéraux critiques dont le lithium, et des procédés éprouvés en captation de CO₂, pour ne nommer que celles-là, d’une valeur inestimable et qui ne demandent qu’à alimenter rapidement la relance et contribuer à l’accroissement de notre compétitivité et de notre productivité.

Un signal clair et rapide du gouvernement du Québec

Le gouvernement du Québec doit envoyer, dès maintenant, un signal clair aux entreprises selon lequel il est prêt à recevoir rapidement leurs projets, les analyser et les soutenir. Il doit se constituer un portfolio de projets d’investissements privés, productifs, économiquement et fiscalement rentables. Il doit miser sur des entreprises qui, bien qu’ébranlées aujourd’hui, ont la capacité de rebondir rapidement.

La « pause » économique est donc un moment charnière. Nous n’aurons pas seulement à nous relever d’une récession. Nous aurons à transformer notre économie. L’ingéniosité et la créativité dont nous voyons quotidiennement la manifestation nous inspirent et nous avons pleinement confiance qu’ensemble, nous relèverons ce défi.

Cet article a été originalement publié dans Le Nouvelliste.